Le ministre du Budget François Baroin a succédé mercredi au très convoité ministère de l'Economie à Christine Lagarde, désignée à la tête du Fonds monétaire international (FMI), au terme d'une compétition âpre et rare avec son collègue de l'Agriculture Bruno Le Maire.
La passation de pouvoirs entre Christine Lagarde et François Baroin aura lieu jeudi à 12H30 à Bercy, a-t-on appris mercredi dans l'entourage de Christine Lagarde.
Après plusieurs jours de tensions et de revirements qui ont agité le plus haut niveau de l'Etat, Nicolas Sarkozy a finalement tranché en faveur du chiraquien François Baroin, après avoir successivement envisagé de nommer Valérie Pécresse (Enseignement supérieur) puis l'ex villepiniste Bruno Le Maire, en charge du projet de l'UMP pour 2012.
En guise de lot de consolation, Mme Pécresse a finalement hérité du poste laissant vacant par M. Baroin au Budget et au porte-parolat. Elle sera remplacée à l'Enseignement supérieur et à la Recherche par le ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez.
Comme prévu, le chef de l'Etat a profité de ce remodelage imposé par le départ pour Washington de Mme Lagarde pour ouvrir l'équipe de François Fillon aux centristes, à l'heure où son ex-ministre Jean-Louis Borloo envisage de représenter cette mouvance à la présidentielle.
Le patron des députés Nouveau centre, François Sauvadet, est nommé au poste de ministre de la Fonction publique laissé vacant depuis la démission fin mai de Georges Tron, mis en examen pour viols et agressions sexuelles.
Membre du Parti radical de Jean-Louis Borloo, le numéro 2 du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean Leonetti, succède à Laurent Wauquiez aux Affaires européennes et son collègue, proche de Jean-Pierre Raffarin, Marc Laffineur rejoint Gérard Longuet (Défense) comme secrétaire d'Etat aux Anciens combattants.
Longtemps pressenti pour rejoindre le gouvernement, le secrétaire général adjoint de l'UMP et centriste Marc-Philippe Daubresse a pour sa part refusé le poste finalement attribué à M. Sauvadet, selon des sources UMP.
Comme en miroir, ce jeu de chaises musicales a également profité au secrétaire d'Etat aux Transports et un des porte-voix de l'aile droite de l'UMP Thierry Mariani, a été élevé au rang de ministre.
Enfin, l'ancien champion olympique de judo et député UMP des Yvelines David Douillet, proche de Bernadette Chirac, rejoint le gouvernement pour s'occuper des Français de l'étranger.
Seule surprise, l'arrivée de la députée UMP, Claude Greff, à la Famille complète ce remaniement pour maintenir la parité hommes-femmes du gouvernement.
Présenté comme une simple formalité, ce remaniement a tourné à la foire d'empoigne inattendue entre deux des quadragénéraires les plus en vue du gouvernement, qui se présentaient jusque-là comme des "amis".
Rapporté par de nombreux proches du gouvernement et de l'UMP, ce duel a fait voler en éclats la bande des "mousquetaires" qu'ils composaient avec le patron de l'UMP Jean-François Copé, le chef de file des députés UMP Christian Jacob, Luc Chatel et Valérie Pécresse.
Selon ces sources, le Premier ministre a dans un premier temps annoncé à Bruno Le Maire qu'il succéderait à Christine Lagarde avant de faire marche arrière et de lui préférer François Baroin, qui a agité la menace de sa démission. M. Le Maire a alors refusé le poste laissé vacant par son "ami", selon les mêmes, menaçant également de démissionner.
"François Baroin s'est roulé par terre pour avoir ce poste, quitte à sacrifier son amitié pour Bruno Le Maire. Celui-ci est furieux. Il estime avoir été réglo, contrairement à Baroin", a résumé une de ces sources.
Ces rivalités ont suscité l'ironie de la présidente du FN Marine Le Pen, qui l'a jugée "absolument pitoyable". Sur le fond, Martine Aubry, candidate à la primaire PS, a raillé un "énième remaniement avec les mêmes", à dix mois de la présidentielle.