L'Allemagne a accusé en 2009 une récession de 5%, sans précédent depuis l'après guerre, mais le pays a limité la casse sur le marché de l'emploi et paraît bien placé pour tirer la croissance européenne cette année.
Ce chiffre provisoire, dévoilé mercredi par l'Office des statistiques Destatis, confirme la prévision du gouvernement.
La première économie européenne devrait ainsi avoir affiché l'une des pires performances de la zone euro. A titre de comparaison, la France mise sur une récession de quelque 2%.
En 2008, l'Allemagne avait affiché une croissance de 1,3%.
"Le recul de l'économie a eu lieu essentiellement pendant la période hivernale de fin 2008/début 2009", a rappelé son président Roderich Egeler lors d'une conférence de presse. La conjoncture s'est ensuite "stabilisée à son bas niveau".
La violence de la crise se lit dans les chiffres: les exportations, point fort traditionnel du pays, se sont effondrées de 14,7% sur un an, les investissements industriels de 20%.
Si la récession a battu son plein dans l'industrie, le bâtiment, aidé par le plan de relance du gouvernement, a limité les dégâts (-0,7%) et la consommation des ménages, dopée de son côté par la prime à la casse pour l'achat d'une voiture neuve, s'est avérée être le seul soutien de l'économie (+0,4%).
Le programme de soutien à l'économie a fait, là aussi comme prévu, déraper les finances publiques. Le déficit s'est élevé à quelque 77 mds d'euros, soit 3,2% du PIB. L'Allemagne enfreint ainsi pour la première fois depuis 4 ans la limite de 3% du Pacte de stabilité et de croissance.
Il en sera de même cette année, le nouveau gouvernement de centre-droit ayant décidé de poursuivre son soutien à l'économie par la voie de baisses d'impôts notamment.
Le ministre de l'Economie Rainer Brüderle s'est toutefois voulu encourageant. "Il est particulièrement réjouissant que le marché du travail soit resté étonnamment résistant", a-t-il réagi.
Le nombre d'actifs s'est élevé à 40,2 millions de personnes en moyenne l'an passé, soit une baisse de "seulement" 37.000 personnes par rapport à l'année précédente, selon Destatis. Berlin a facilité le recours au chômage partiel pour les entreprises qui en ont largement fait usage.
Pour le ministre, il s'agit à présent de faire en sorte "d'accélérer la croissance de l'économie et de poser les bases lui permettant de croître de manière autonome".
Berlin doit présenter de nouvelles prévisions le 27 janvier. Jusqu'ici, il a dit miser sur une croissance de 1,2% cette année, un pronostic jugé conservateur par de nombreux économistes.
"Nous pensons que l'Allemagne sera le moteur de croissance de l'Europe" cette année, essentiellement grâce à un retour en grâce des exportations ravivées par la reprise de la demande mondiale, estime Carsten Brzeski, économiste chez ING. Il mise sur une croissance de 2%.
Mais d'autres experts se sont montrés déçus par la stagnation probable du PIB au quatrième trimestre comparé au précédent, selon une estimation annoncée par les responsables de Destatis. Au deuxième trimestre, il avait progressé de 0,4%, au troisième de 0,7%. Il faudra attendre la mi-février pour avoir un chiffre plus précis des trois derniers mois de l'année.
"Ce serait une surprise très négative", si la croissance avait effectivement marqué un coup d'arrêt, juge Andreas Rees, d'UniCredit. Cela serait selon lui en contradiction avec l'amélioration des baromètres de confiance et la reprise des commandes industrielles depuis plusieurs mois.