Après les smartphones et les tablettes, les géants de la technologie et d'internet se livrent désormais bataille autour des objets connectés, des réfrigérateurs aux voitures en passant par les montres.
Les récentes annonces de l'américain Apple (NASDAQ:AAPL) et du sud-coréen Samsung montrent leur appétit pour ce marché. Google (NASDAQ:GOOG) les avait précédés avec son système d'exploitation Android destiné aux objets électroniques "prêts-à-porter".
"Il y a potentiellement des milliards d'objets. C'est un gros marché, et tous les groupes sont sur les rangs", explique Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies Associates.
Ces objets connectés représentent un marché en pleine croissance, selon le cabinet IDC, qui va passer de 1.900 milliards de dollars en 2013 à 7.100 milliards à l'horizon 2020.
Apple a dévoilé lundi une nouvelle version de son propre système d'exploitation iOS, ouvrant la porte à des applications pour la santé ou la maison connectées avec des kits de développement spécifiques.
"L'iOS 8 d'Apple, c'est le début d'un système d'exploitation à part entière dédié aux objets connectés. On peut le voir avec les applications pour la santé et leur capacité à recevoir davantage d'appareils tiers", explique Gerry Purdy, spécialiste des appareils mobiles à Compass Intelligence.
Mais Apple suit son propre chemin, selon ces spécialistes, dans le but de contrôler plus étroitement les appareils, qui ont moins d'interopérabilité et qui sont limités dans leurs connections aux appareils non Apple.
"Sans doute qu'Apple va juste coloniser quelques domaines et bien le faire", ajoute M. Kay.
- Ubiquité de Google -
Samsung s'est lui lancé sur ce marché avec un système d'exploitation maison, Tizen, qui peut se connecter à des appareils utilisant les systèmes iOS ou Android.
Samsung veut ainsi prendre son indépendance du système Android de Google, explique Frank Gillett, du Forrester Research.
Le Sud-Coréen a "réussi dans la fabrication d'appareils mais il n'a pas de plateforme logicielle ou de relations avec sa clientèle". Avec Tizen, il va "coller davantage aux clients pour qu'ils continuent à acheter les appareils", ajoute-t-il.
Mais ce fut une "bataille ardue" pour Samsung d'établir un nouveau système d'exploitation concurrent d'Android, d'iOS, de Windows (Microsoft) ou de QNX (BlackBerry), largement utilisé pour les voitures.
Selon Richard Windsor, analyste chez Edison Group, Google a montré qu'il pouvait gagner de l'argent en proposant gratuitement Android.
"Samsung considère, mais c'est une erreur, qu'il peut continuer à faire 18% de marges en se concentrant sur les appareils. Il a voulu pour cela céder le contrôle de l'écosystème (le système d'exploitation) à Google", explique-t-il.
"Cela a permis à Google de croître, grâce aux revenus de la publicité, alors qu'on s'attend à ce que les revenus de Samsung baissent", poursuit M. Windsor.
Pour autant ces spécialistes estiment que le marché des objets connectés sera suffisamment grand pour accueillir plusieurs systèmes d'exploitation, et ne prédisent pas de véritable guerre comme celle des PC ou des smartphones.
"Je ne prévois pas qu'il y aura un système (d'exploitation) qui dominera" les autres, estime M. Gillett. Ce marché a peu de risque de devenir un "duopole", en raison notamment de la complexité de ce marché.
Certains voient toutefois Google comme le mieux positionné actuellement.
Bob O'Donnell, à Technalysis Research, note que la stratégie d'Apple vise à "créer de grands prétextes pour rester dans les appareils Apple" mais rappelle que "la plupart des clients d'Apple n'ont pas tous les appareils Apple".
"Leur vision pourrait être beaucoup plus efficace s'ils pouvaient proposer des appareils non Apple au sein du groupe", selon lui.
Pour M. Kay, c'est l'ubiquité de Google qui pousse les développeurs d'application à utiliser Android.
"Android est utilisé par beaucoup de gens et c'est un système d'exploitation adaptable", explique M. Kay. "Les développeurs sont nombreux à aller chez eux, parce qu'ils veulent vendre au plus grand nombre".