Par Laura Sanchez
Investing.com - Les marchés européens sont mitigés avant l'événement clé de cette semaine. À 20h00, heure espagnole, la Réserve fédérale américaine (Fed) annoncera sa {décision sur les taux d'intérêt. Et, une demi-heure plus tard, le président de la Fed, Jerome Powell, participera à une conférence de presse.
À quelques heures de la décision, il n'est pas clair de savoir ce qui rend les investisseurs plus nerveux : si ce sont les conjectures sur la hike (si elle sera de 75 ou 100 points de base) ou ce qu'il faut attendre du dot plot, c'est-à-dire jusqu'où la Fed est prête à augmenter les taux et pour combien de temps.
Graphique dot-plot
"Dans ces projections, les investisseurs doivent comprendre où la Fed voit les taux et combien de 'douleur' elle est prête à assumer par rapport au taux de chômage et à la croissance du PIB. En outre, les graphiques en points pourraient être l'aspect le plus crucial de la réunion", déclare MIchael Kramer, analyste chez Investing.com.
"En ce sens, on s'attend à ce que le niveau auquel les membres du FOMC pensent relever les taux et la durée pendant laquelle ils prévoient de les maintenir une fois ce niveau atteint soient parfaitement clairs. En principe, après la publication de l'inflation américaine du mois d'août, qui a été plus résistante à la baisse que prévu, le marché s'attend à ce que la Fed porte les taux dans la fourchette de 4,25 % à 4,50 %, puis mette fin au processus de hausse, explique Link Securities.
"À cet égard, la Fed devrait réaffirmer sa position "plus haut pour plus longtemps", montrant que les taux passeront à 4,5 % d'ici la fin de 2023. Cela pourrait pousser les contrats à terme sur les fonds fédéraux à la hausse au-delà d'avril 2023 et entraîner une baisse des rendements nominaux et réels. Cela devrait nuire aux prix des actions à court et moyen terme, ce qui pourrait pousser le marché vers un nouveau plancher", convient M. Kramer.
Les experts de Renta 4 (BME:RTA4) sont également du même avis : "Nous nous attendons à une nouvelle révision à la hausse du dot plot, compte tenu des anticipations plus hawkish depuis la réunion de juin, qui ont conduit le marché à placer le plafond des taux américains à 4,5% à la fin du 1T23 et à reporter les baisses de taux à la fin de 2023 (avant l'été, le marché s'attendait à un plafond de 3,25% et au début des baisses au 1H23). Nous rappelons que le dernier graphique à points (juin) a été clairement révisé à la hausse par rapport à mars, à 3,4 % pour Déc-22, 3,75 % pour Déc-23 (plafond), 3,4 % pour Déc-24 et 2,5 % à long terme".
"Si le graphique en points ci-dessus reflète un scénario dans lequel les taux augmentent au-delà de ces niveaux, les obligations et les actions souffriront à nouveau. D'autre part, si les attentes des marchés se réalisent, il est possible, mais pas certain, que nous assistions à un petit rallye de secours sur les marchés boursiers européens et américains", a ajouté Link Securities.
Perspectives économiques
Il faudra également garder un œil sur le nouveau tableau macroéconomique qui sera publié par la Fed et qui devrait réviser la croissance économique à la baisse et l'inflation à la hausse.
"La réunion de la Fed d'aujourd'hui est la première après Jackson Hole (26 août), où la Fed a communiqué que sa priorité est de contrôler l'inflation, et que la politique monétaire devra rester stricte plus longtemps que ce que le marché supposait au début de l'été. La Fed est donc prête à sacrifier un peu plus de croissance et d'emploi en échange de la possibilité de contrôler les prix. La clé est de réussir son objectif d'atterrissage en douceur (ce ne sera pas facile) et que l'économie n'entre pas en récession", prévient Renta 4.
"Rappelons qu'en juin le PIB a été révisé à la baisse à +1,7% pour 2022 et 2023, et à la hausse pour le taux de chômage 2024e à 4,1% (vs 3,6% en mars), et avec un œil sur les prévisions d'inflation, qui ont été fortement révisées à la hausse en juin à +5,2% en 2022, +2,6% en 2023 et +2,2% en 2024", concluent ces analystes.