Investing.com – Dans une note d'analyse publiée ce lundi, la banque ING relève que les données de la balance commerciale chinoises de septembre, publiées plus tôt ce lundi, reflètent les dommages croissants causés par la guerre commerciale, et livre son avis sur l'accord conclu entre la Chine et les Etats-Unis la semaine dernière :
“La Chine a déclaré qu'elle avait fait des "progrès substantiels" avec les Etats-Unis après la réunion de vendredi et a de nouveau souligné que le "respect" est la clé du succès des futures négociations commerciales.
Néanmoins, les deux parties disposent d'un délai de cinq semaines pour écrire exactement ce qu'elles ont convenu lors de la réunion. Cela soulève la question de savoir dans quelle mesure des "progrès" ont réellement été réalisés. Nous pensons qu'il y a probablement d'importants désaccords sur les termes d'un accord, possiblement au sujet du mécanisme du yuan.
Une déclaration devrait être publiée en novembre. Le calendrier est important car une hausse de tarifs douaniers américains doit entrer en vigueur en décembre, frappant 160 milliards de dollars supplémentaires de biens de consommation fabriqués en Chine. Si les deux parties ne peuvent pas publier un projet d'accord comme prévu dans cinq semaines, cela n'augure rien de bon pour une trêve commerciale.
La Chine a toujours déclaré que le mécanisme du yuan est en cours de réforme, mais nous ne pensons pas qu'elle annoncera des changements significatifs à ce sujet dans le projet de déclaration. Néanmoins, les États-Unis continueront probablement à faire pression sur la Chine pour qu'elle fasse monter le yuan, et cette question rendra les négociations futures difficiles.
L'appréciation récente du yuan n'est en fait qu'une conséquence de la faiblesse du dollar plutôt qu'un écart par rapport à la tendance. Nous ne pensons donc pas que le USD/CNY tombera en dessous de 7,0. Notre prévision pour la fin de l'année 2019 est toujours de 7,20.”
Christian Tuntono, économiste principal pour l'Asie Pacifique chez Allianz Global Investors, s'est lui aussi montré critique vis à vis de ce qui a été annoncé la semaine dernière :
“Nous pensons que l'accord commercial " substantiel " de première étape conclu par Trump avec la Chine ressemble davantage à une trêve qu'à un véritable accord ", a-t-il déclaré, relavant par ailleurs que cet accord partiel n'aborde pas " beaucoup d'autres domaines plus sensibles " tels que la cybersécurité, ainsi que le géant technologique chinois Huawei et l'avenir des entreprises chinoises inscrites sur la liste noire US.
Les économistes de Macquarie Capital se sont fait l'écho du même point de vue et ont qualifié l'accord de "trêve temporaire".
Les économistes de la banque ANZ ont quant à eux écris que "la rédaction de l'accord peut être un processus délicat. L'échec soudain des négociations d'avril/mai est un bon exemple d'un tel risque", faisant référence aux négociations commerciales qui ont eu lieu plus tôt cette année et qui étaient proches d'un accord.
Enfin, on notera que des informations publiées par Bloomberg ce lundi confirment la possibilité bien réelle que l'accord de vendredi ne voit jamais le jour. En effet, selon l'agence, la Chine exigerait de nouvelles discussions avant toute signature, et demanderait à Trump de s'engager sur l'annulation de la vague de tarifs douaniers prévue pour le 15 décembre.