NEW YORK (Reuters) - Les investisseurs de Wall Street surveilleront encore de près la Chine cette semaine dans l'attente de mesures de stimulation de la part de Pékin afin de freiner le ralentissement de la deuxième économie du monde.
Les ratés de la croissance chinoise, les turbulences sur ses places financières et la dévaluation du yuan ont perturbé les marchés à travers le monde, en particulier la Bourse de New York.
Wall Street a ainsi vécu vendredi sa pire séance depuis près de quatre ans, les trois indices de référence perdant plus de 3% après la publication d'un indice manufacturier confortant les craintes d'un atterrissage brutal de l'économie chinoise.
La situation en Chine, avec ses effets dévastateurs sur les marchés actions et les cours des ressources de base, est devenue le principal motif d'inquiétude pour les traders américains.
"Il y a beaucoup de nervosité autour des défaillances de la Chine et cela occulte le fait que l'économie américaine est saine et que celle de l'Union européenne se renforce", estime Alan Gayle, gérant de portefeuille chez RidgeWorth Investments.
Dans ce contexte tendu, Carlo Cottarelli, directeur exécutif du Fonds monétaire international, a pris la parole ce week-end pour tenter de rassurer les marchés.
"Il est totalement prématuré de parler d'une crise en Chine", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Rimini, en Italie. "L'économie réelle de la Chine ralentit mais il est tout à fait naturel que cela se produise".
LE SCÉNARIO DE SEPTEMBRE MALMENÉ
La glissade de Wall Street la semaine dernière suggère en outre que les investisseurs considèrent que les actions valent trop cher dans un contexte de hausse modérée des bénéfices et de baisse des prix de l'énergie, font valoir des analystes.
Il faut y ajouter la perspective d'un renchérissement prochain du coût du crédit, même si les paris restent ouverts sur le moment que choisira la Réserve fédérale pour relever ses taux d'intérêt.
Wall Street suivra donc avec attention cette semaine la conférence annuelle organisée par la Fed à Jackson Hole, dans le Wyoming, de jeudi à samedi, même si la présidente de l'institution, Janet Yellen, n'a pas prévu d'y participer.
La question qui agite les marchés est de savoir si le premier relèvement des taux américains depuis la crise financière interviendra dès la mi-septembre.
Toujours sur la table, ce scénario souffre néanmoins d'une inflation aux Etats-Unis jugée toujours trop basse, sans parler des risques de contagion à l'échelle mondiale des problèmes de la Chine.
Dans le compte rendu, publié la semaine dernière, de sa dernière réunion de politique monétaire, la Fed mettait en garde contre les effets néfastes du ralentissement économique chinois, un avertissement qui explique en partie le recul observé les jours suivants à Wall Street.
Si les difficultés traversées par la Chine et d'autres marchés émergents comme le Brésil affectent les entreprises liées au secteur des ressources de base, elle n'a toutefois pas d'effet sur les prévisions de bénéfices pour cette année et la suivante du S&P-500 dans son ensemble, fait remarquer Gina Martin Adams, stratégiste actions chez Wells Fargo.
Les revenus des entreprises qui composent le S&P-500 dépendent très largement du marché américain, argumente-elle.
L'indice vedette de Wall Street, qui est tombé vendredi sous la barre des 2.000 points pour la première fois depuis le 2 février, devrait atteindre 2.222 points sur les 12 prochains mois, soit un gain d'environ 11%, prédit-elle.
"A terme, la direction du marché est vers le haut", dit-elle.
(David Randall à New York, avec Sarah White à Madrid; Patrick Vignal pour le service français)