Investing.com – Le discours du patron de la Fed Jerome Powell lors des conférences de Jackson Hole est attendu aujourd'hui à 16h, et le marché attend impatience cet événement qui pourrait avoir un impact déterminant sur les anticipations de taux.
Cependant, il est difficile de prévoir la teneur des propos de Powell cet après-midi, tant la Fed semble divisée en interne, des divisions liées au fait qu'il existe des arguments valables pour, mais aussi contre de plus amples baisses de taux de la Fed.
En d'autres termes, le contexte ne se prête à ce que Powell ne penche ni dans un sens ni dans un autre. Or, s'il ne garantit pas aux marchés que la Fed continuera à réduire les taux d'intérêt, on pourra s'attendre à une chute des marchés boursiers, et à une hausse du Dollar, deux conséquences qui pourraient faire sortir Donald Trump de ses gonds.
Il faut en effet rappeler que le président US a mis plus que jamais la pression à la Fed pour qu'elle assouplisse davantage sa politique ces deux derniers mois, twettant presque un jour sur deux pour critiquer la banque centrale.
La banque Merrill Lynch a d'ailleurs assez bien résumé la situation : "Il est dans une situation difficile. Son comité est divisé. Il subit beaucoup de pression de la part du président et, surtout, les données américaines ont été relativement résilientes, ce qui ne lui fournit pas une énorme quantité d'arguments pour assouplir la politique monétaire de façon significative ".
Un risque important que Powell déçoive le marché
D'après le baromètre des taux de la Fed Investing.com, les investisseurs anticipent pour l'instant une probabilité de près de 100% que la Fed abaisse de nouveau ses taux en septembre, et anticipent une probabilité significative qu'au moins une autre hausse de taux ait lieu avant la fin de l'année.
Compte tenue de ce très haut niveau d'anticipations, il suffirait que Powell n'évoque pas assez clairement l'intention de la Fed d'abaisser les taux le mois prochain pour faire reculer ces probabilité.
Cela implique donc un risque important que le marché soit déçu aujourd'hui, comme le souligne Merrill Lynch qui estime peu probable que « Powell se sente suffisamment à l'aise pour s'engager dans la voie de la détente monétaire, et c'est ce que le marché veut entendre. Les risques sont donc que la Fed déçoive."
La Fed n'a pas été aussi divisée depuis longtemps
Powell est en effet pris entre deux feux, entre ceux qui veulent assouplir de façon préventive protéger l'économie US des risques liés à l'évolution de l'économie mondiale, et ceux qui estiment que la solidité des indicateurs économiques US ne permet pas de justifier des baisses de taux.
Cette division a été frappante dans les minutes de la Fed publiées mercredi soir, qui ont révélé que pour le réunion de la Fed du mois de juillet, où la banque centrale a abaissé ses taux de 0.25%, 2 membres de la Fed ne souhaitaient pas baisser les taux, tandis que deux autres auraient préféré les baisser de 0.50%.
Or, plus il y a de désaccords au sein de la Fed, plus les marchés sont incertains au sujet de la politique monétaire, ce qui pourrait les convaincre que la Fed pourrait ne pas réussir à éviter une récession, et causer une panique.
Un détail clé à surveiller dans le discours de Powell à Jackson Hole
En ce qui concerne ce qu'il faudra surveiller précisément dans le discours de la Fed d'aujourd'hui, on s'intéressera particulièrement à toute référence à un « ajustement de milieu de cycle ».
Cet expression, qui avait été utilisée par la Fed pour justifier et décrire la baisse de taux de juillet, avait laissé penser au marché que cette baisse de taux pourrait rester isolée, ou tout du moins qu'elle ne constituait pas le début d'un long cycle d'assouplissement.
Si Powell continue de décrire les actions récentes de la Fed comme de simples ajustements (même en n'excluant pas une baisse de taux en septembre), le marché interprétera cela comme un signal hawkish.
A l'inverse, la banque Barclays (LON:BARC) note que "si l'ajustement de milieu de cycle ne figure pas dans le discours de Jackson Hole, les investisseurs interpréteront cela comme ouvrant la porte à d'autres réductions de taux". Soulignons d'ailleurs que la banque prévoit encore 3 baisses de taux d'ici la fin de l'année.
Par David Wagner