Investing.com - La flambée des prix de l'énergie faits des heureux sur les marchés financiers. Les investisseurs qui ont pu prendre le train en marche ont réussi à engranger des gains énormes. En effet, les énergies ont vu leurs cours arriver à des niveaux astronomiques et semblent encore sur une tendance haussière.
Le marché énergétique dans son ensemble reste serré vu la demande croissante et la production limitée. La demande est en augmentation pour deux raisons. Premièrement, l'approche de l'hiver et la baisse des températures qui enclencher une augmentation de la consommation énergétique. Deuxièmement, la réouverture de certaines économies jusque-là limitées par les restrictions sanitaires va faire augmenter le besoin.
L'offre de son côté reste restreinte vu les goulots d'étranglement au niveau des chaines logistiques liés aux retombées de la pandémie, mais également à cause des difficultés au niveau de la production comme on l'a vu pour le pétrole. OPEC+ avait, malgré ses promesses, eu du mal à relever ses niveaux de production.
Cependant, cette augmentation des cours ne fait pas que des heureux et produit un impact réel sur l'économie. D'ailleurs, les analystes commencent à s'inquiéter sur les effets à long terme d'une telle hausse sur la force de la reprise économique.
L'empire du milieu face aux marchés énergétiques
Le Chine est aux prises avec une crise énergétique importante et plusieurs régions du pays ont mis en place un rationnement de l'énergie. Cette démarche a permis d'éviter les black-out complets, mais a provoqué de nombreuses difficultés chez les industriels et sur le tissu économique en général.
Les conséquences directes sur les usines sont une baisse de la production et une réduction de la croissance. Cela s'ajoute au ralentissement de la croissance économique globale que l'on observe actuellement. D'ailleurs, les analystes s'accordent sur une révision à la baisse des chiffres sur la croissance du PIB mondial.
A cela s'ajoute l'impact sur l'offre mondiale de produits. La Chine est un des plus grands producteurs au monde et alimente le globe de toutes sortes de produits de consommation. De ce fait, la réduction de la production des usines chinoises réduit l'offre. Cette raréfaction pousse l'inflation à la hausse. Une inflation qui pourrait enclencher un resserrement des politiques monétaires et mécaniquement une réduction de la vitesse de croissance économique.
L'Inde n'est pas en reste
D'ailleurs, la Chine n'est pas le seul géant asiatique aux prises avec une pénurie d'énergie. L'Inde est également au bord de la crise. La plupart des centrales électriques indiennes alimentées au charbon présentent des niveaux de stocks de charbon extrêmement bas, alors que l'économie redémarre et alimente la demande d'électricité. Cette source représente environ 70% de la production d'électricité en Inde.
Selon la Société Générale (PA:SOGN), une éventuelle crise de l'électricité aurait probablement un impact immédiat sur la reprise économique naissante de l'Inde, qui est tirée par l'activité industrielle plutôt que par les services.
Les données gouvernementales montrent qu'au 6 octobre, 80% des 135 centrales au charbon indiennes disposaient de moins de 8 jours d'approvisionnement et que plus de la moitié d'entre elles avaient des stocks de deux jours ou moins.
À titre de comparaison, au cours des quatre dernières années, le stock moyen de charbon des centrales électriques était d'environ 18 jours d'approvisionnement, selon S&P Global.
En effet, les centrales thermiques indiennes n'avaient pas prévu le pic de consommation cet été alors que l'économie reprenait son élan après une deuxième vague de covid. De plus, les prix du charbon ne cessent d'augmenter et les délais de livraison sont en augmentation au niveau national et international. L'Inde est le troisième plus grand importateur de charbon au monde, bien qu'elle dispose d'importantes réserves de charbon
En même temps, les autres sources énergétiques du pays, comme l'hydroélectricité, le gaz et le nucléaire, diminuaient. D'après les analystes, la saison de mousson inégalement répartie était l'un des facteurs. Le manque de précipitations dans certaines régions a eu un impact négatif sur la production d'énergie hydraulique. Parmi les autres facteurs, il y a la forte augmentation du prix du gaz et les arrêts pour maintenance dans les centrales nucléaires.
Le ministre indien de l'énergie, Raj Kumar Singh, aurait prévenu que la pénurie d'énergie pourrait durer jusqu'à six mois. Avec le début de la saison des fêtes en Inde ce mois-ci, où la consommation tend à atteindre son apogée, la demande d'électricité pourrait encore augmenter.
Cependant, les autorités indiennes ont tenté d'apaiser les craintes d'une pénurie d'approvisionnement. Le ministère du charbon a déclaré dimanche que le pays dispose de suffisamment de charbon pour répondre à la demande des centrales électriques et que les craintes d'une perturbation de l'approvisionnement en électricité sont "infondées" et "erronées".
Un impact économique est tout de même à prévoir vu la faiblesse de l'offre et la force de la demande. "Étant donné la dépendance massive de l'Inde à l'égard de l'énergie thermique, nous pourrions voir les fournisseurs de charbon nationaux détourner leur offre vers les centrales thermiques au détriment des industries comme l'acier, le ciment, etc. Quoi qu'il en soit, il y aura une baisse à court terme des activités".
La baisse de l'activité économique de ces deux géants asiatiques aura probablement un impact considérable sur la croissance économique mondiale et sur le niveau de l'inflation vu leur positionnement comme grand exportateurs mondiaux.