par Huw Jones
LONDRES (Reuters) - Les grandes banques centrales doivent faire progresser leurs projets de monnaies numériques pour éviter d'être distancées par des initiatives privées, a déclaré vendredi un responsable de la Banque des règlements internationaux (BRI).
Plusieurs groupes privés, comme Facebook (NASDAQ:FB) avec le "diem", travaillent actuellement à la création de moyens de paiement intégralement numériques, des projets qui se sont accélérés depuis le début de la crise du coronavirus.
"Il est grand temps que les banques centrales se mettent au travail", a déclaré Benoît Coeuré, ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) aujourd'hui à la tête de la cellule chargée de l'innovation à la BRI.
"Nous devons relever nos manches et accélérer notre travail sur les aspects concrets de la création des CBDC (les monnaies numériques de banques centrales)", a-t-il expliqué dans un discours https://www.bis.org/speeches/sp210910.htm.
"Il faudra des années pour déployer les CBDC alors que les stablecoins et les cryptoactifs sont déjà là. Il est d'autant plus urgent de démarrer."
À la différence d'un stablecoin, dont le prix est lié à celui d'une cryptomonnaie pratiquement exonérée de toute régulation ou à un actif coté, une CBDC est une version numérique d'une monnaie existant déjà sous la forme fiduciaire (billets et pièces).
Plusieurs banques centrales occidentales ont déjà annoncé envisager la création d'une CBDC mais seule la Banque populaire de Chine est à ce jour passée à la phase concrète du projet en lançant des tests.
Pour Benoît Coeuré, l'Union européenne pourrait pourtant bénéficier d'avantages uniques dans ce domaine, à commencer par un système de paiement ouvert et des garanties solides en matière de protection des données.
La Banque centrale européenne (BCE) a donné en juillet dans un rapport sur le sujet le coup d'envoi d'un projet dont la mise en oeuvre pourrait prendre cinq ans selon Benoît Coeuré.
"L'objectif d'une CBDC au final, c'est de préserver les meilleurs éléments de nos systèmes actuels tout en permettant l'existence d'un espace ouvert à l'innovation pour demain", a-t-il dit.
"Pour ce faire, les banques centrales doivent agir pendant que le système actuel est encore en place, et agir maintenant."
(Reportage Huw Jones, version française Marc Angrand, édité par Sophie Louet)