Investing.com - Le gouvernement français a été renversé par un vote de défiance mercredi, accentuant la profonde crise politique qui secoue la France depuis l’été dernier.
Au total, 331 députés de l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) et du Rassemblement national (RN) d'extrême droite ont soutenu une motion de censure à l’Assemblée Nationale, dépassant de loin les 288 voix nécessaires pour l'adopter.
Concrètement, cela signifie que le Premier Ministre Barnier présentera sa démission au Président Emmanuel Macron ce jeudi, trois mois seulement après avoir été installé au poste de premier ministre le 5 septembre. Le gouvernement de M. Barnier devient ainsi le plus court de la Cinquième République française, qui a débuté en 1958.
Des motions avaient été déposées par les blocs de gauche et de droite lundi après que le premier ministre Michel Barnier a utilisé des pouvoirs constitutionnels spéciaux, l’article 49.3, pour imposer un projet de loi sur le budget de la Sécurité sociale au Parlement sans vote.
Lors d'un débat précédant le vote, M. Barnier a déclaré aux législateurs qu'il n'avait « pas peur » d'être éliminé, mais il a appelé les partis à travailler ensemble et à « aller au-delà de l'intérêt général » pour surmonter les divisions. Il a déclaré que ce fut « un honneur » de servir en tant que Premier ministre, avant de recevoir une ovation de la part des hommes politiques français.
Rappelons que la chute du premier ministre intervient après plusieurs semaines de négociations avec les partis d'opposition pour tenter de trouver un accord sur une seule partie du budget 2025, qui comprend 60 milliards d'euros de réductions de dépenses et d'augmentations d'impôts, considérées comme nécessaires pour maîtriser le déficit budgétaire de la France, qui devrait s'élever à 6,1 % en 2024.
D’un point de vue économique, la crise politique accentue donc les inquiétudes au sujet de la dette de la France, alors que le spread entre les taux français et allemands à 10 ans ont rejoint un pic de 12 ans à 90 bps la semaine dernière, et que la France emprunte à peu près au même taux que la Grèce.
Un budget d'urgence sera probablement adopté dans le courant du mois, reconduisant la législation fiscale de 2024 jusqu'à ce qu'un budget de 2025 soit adopté. Cependant, le budget 2025 ne peut pas être adopté par un gouvernement intérimaire, ce qui implique pour Macron de rapidement choisir un nouveau premier ministre.
Dans ce contexte, le président est susceptible d'être confronté à des pressions de la gauche et de la droite pour qu'il démissionne afin qu'une nouvelle élection présidentielle soit organisée bien plus tôt que celle prévue pour 2027.
Enfin, on notera que les contrats à terme du CAC 40s’affichent en légère baisse suite à ces nouvelles, qui devraient avoir un impact limité, car elles étaient assez largement anticipées.