Investing.com – Avec les élections Allemandes qui se profilent à l’horizon, les observateurs cherchent le nouveau leader de l’Europe. Ainsi lorsque l’influente chancelière allemande Angela Merkel quittera ses fonctions après les prochaines élections fédérales, de nombreux experts politiques tourneront leur attention vers la France.
En effet, ces derniers pensent que la France, à travers son président Emmanuel Macron, attend dans les coulisses l'occasion de remplacer l'Allemagne en tant que leader Européen et superpuissance de la région.
Macron se positionne comme leader européen
Carsten Brzeski, responsable mondial de la macroéconomie chez ING (AS:INGA) voit des tentatives du président de se positionner dans ce sens depuis un moment. "En ce qui concerne Macron, nous voyons déjà des tentatives timides de prendre le leadership en Europe".
Il a pointé du doigt les précédentes prise de position du président français notamment "les interventions de Macron lorsqu'il s'agit de débats européens sur les règles fiscales." Pour faire face à la crise du covid, la France avait demandé à l'UE d'assouplir les règles concernant les déficits budgétaires et les niveaux de dette par rapport au PIB des États membres, tandis que l'Allemagne s'est traditionnellement opposée à tout assouplissement.
Des inquiétudes allemandes sur le leadership européen
L’analyste explique que l’Allemagne risque d’être occupée par les évènements internes et de laisser la place de leader vacante pendant un certain temps. "L'Allemagne est actuellement trop occupée par elle-même pour s'en soucier vraiment, mais un leadership français fort sans contrepoids allemand n'a guère été apprécié à Berlin".
L’Allemagne reste à moitié rassurée, sachant que Macron doit faire face à sa propre bataille présidentielle. "Cela laissera moins de temps pour des initiatives fortes de leadership européen, même si la France aura la présidence de l'UE l'année prochaine".
En effet, Macron aura plus de marge de manœuvre après les élections. "Le véritable test de cas viendra après les élections françaises, au cas où Macron serait réélu. Nous pourrions alors assister à une tentative plus puissante de s'emparer du leadership européen. Cela donne à tout prochain chancelier allemand environ un an pour se faire une place".
La collaboration reste toutefois de mise
Comme le reste de l'Europe, la France suit de près le déroulement de la campagne électorale en Allemagne et aura observé avec intérêt la montée en popularité du parti social-démocrate de centre-gauche. Le candidat du parti, Olaf Scholz, est l'actuel ministre des finances et vice-chancelier et n'est pas étranger aux responsabilités d'une haute fonction.
Macron a accueilli Scholz et son rival Armin Laschet au palais de l'Élysée début septembre. Selon les analystes, Macron préférerait probablement travailler avec Scholz plutôt qu'avec Laschet, le candidat proposé par le bloc conservateur CDU-CSU au pouvoir pour succéder à Merkel.
Les analystes d'Eurasia Group expliquent que le président français reste ouverts aux deux options. “Des sources à l'Elysée suggèrent que Macron serait à l'aise avec l'un ou l'autre des deux principaux candidats à la Chancellerie, mais qu'il a une légère préférence pour Scholz, qui a déjà, en tant que ministre fédéral des finances, travaillé en étroite collaboration avec Paris sur le fonds de relance européen post-Covid " .
L’écart économique reste visible
La France reste loin d’être leader sur le volet économique et aura du mal à égaler l'Allemagne. En 2019, avant l’arrivée de la pandémie, près d'un quart du produit intérieur brut de l'UE (24,7 %) était généré par l'Allemagne, suivie par la France (17,4 %) et l'Italie (12,8 %), devant l'Espagne (8,9 %) et les Pays-Bas (5,8 %), selon Eurostat.
Pour Eurasia Group “L’Allemagne est l'Allemagne.” La firme ne voit pas le rôle de locomotive économique de l’Allemagne changer. “Même si la France voit cela comme une opportunité, je ne pense pas que vous allez voir le rôle de l'Allemagne diminuer. Il sera peut-être moins efficace, mais je ne pense pas qu'il diminuera."
Selon la firme les nouveaux dirigeants allemands n’aurons pas de mal à se faire leur place dans l’échiquier politique européen. “Inévitablement, Merkel va laisser de très grandes chaussures à remplir après 16 ans, mais en fin de compte, l'Allemagne est le pays clé de l'Europe et celui qui sera le ministre des finances allemand, celui qui sera le chancelier allemand, dirigera exactement cela".
L’Allemagne tire sa force de son économie
Pour Holger Schmieding, économiste en chef de la Berenberg Bank, l’Allemagne restera puissance grâce à la force de son économie. “La puissance et l'influence de l'Allemagne reflètent la force de son économie, la solidité de ses finances publiques et son rôle incontesté d'ancre financière de la zone euro".
Malgré son développement, la France peine à rattraper son voisin. “Sous Macron, la France rattrape gentiment son retard. Mais elle est loin de rattraper réellement la puissance économique et financière de l'Allemagne".
Merkel reste populaire au niveau européen
Il est peu probable que Macron puisse bénéficier de la cote de popularité de Merkel, une dirigeante qui quitte le pouvoir de son propre chef après 16 ans. Elle a été considérée comme une source de stabilité et de cohérence pour l’Allemagne et l’Europe.
Selon un récent sondage réalisé dans 12 pays de l'UE par le groupe de réflexion du Conseil européen des relations étrangères, la plupart des Européens interrogés étaient sceptiques quant à la capacité de Macron à égaler les compétences de leadership de Merkel. En effet, 41% seraient prêt à voter pour Merkel contre 14% pour Macron.
Néanmoins, le sondage, réalisé au début de l'été et dont les résultats ont été publiés la semaine dernière, révèle un pessimisme national et international quant à l'avenir de l'Allemagne après Merkel, la plupart des Allemands (52 %) estimant que leur pays a dépassé son "âge d'or".