Par David Wagner
Investing.com – Les bourses mondiales ont rebondi pour la deuxième semaine d’affilée hier, avec la journée de vendredi en apothéose, le CAC 40 ayant terminé la journée en hausse de 3.71%, tandis que le S&P 500 et le Dow Jones gagnaient respectivement 2.62% et 3.15%.
Ces solides performances étaient à attribué à l’énorme surprise positive du rapport NFP sur les créations d’emplois aux Etats-Unis au mois de mai, avec 2.5 millions de créations d’emplois annoncées, alors que les économistes tablaient en moyenne sur une perte de 8 millions d’emplois.
Jusqu’à ces chiffres, de nombreux analystes et économistes sonnaient l’alarme, affirmant que les marchés sont « en avance » sur une économie dévastée qui mettra du temps à récupérer.
Cependant, les chiffres de l’emploi US de vendredi entrainent désormais plusieurs spécialistes à peser que finalement, les marchés avaient raison, et qu’une reprise en « V » après le chic de la pandémie de coronavirus est bel et bien un scénario à portée de main.
Selon Yardeni, le président de Yardeni Research, qui s’exprimait vendredi au micro de CNBC, les chiffres publiés vendredi « démystifient l'idée qu'il y ait un décalage entre l'important rallye du marché après le creux du 23 mars et l'économie frappée par le coronavirus. »
"Le marché a été un rayon de soleil - les investisseurs étant essentiellement convaincus que nous allons nous en sortir et que l'économie va se redresser en même temps que les bénéfices. Jusqu'à présent, ces prévisions semblent bien fonctionner », a-t-il déclaré. "L'économie pourrait très bien rattraper le marché boursier" a-t-il conclu
Notons que Yardeni estime que la bonne surprise des chiffres de l’emploi de vendredi s’explique par les mesures sans précédent prises par le gouvernement pour atténuer le choc économique du virus.
"Avec le recul, c'est logique car nous avions le programme de protection des salaires qui a été mis en place en avril, encourageant les petites entreprises à garder leurs employés", a-t-il expliqué.
En ce qui concerne la reprise de l’économie, "ce sera d'abord une forme en V", a déclaré M. Yardeni. "Le PIB réel pourrait baisser de 40 à 50 % au deuxième trimestre. Mais plus la situation sera mauvaise au deuxième trimestre, plus la probabilité sera grande de voir quelque chose comme une augmentation de 20% au troisième trimestre".
A propos de l’impact d’un tel scénario sur les marchés, il estime que le S&P 500 devrait se diriger vers de nouveaux sommets records au cours des deux prochains moi, éventuellement au-dessus de 3500 points.
Tom Porcelli, économiste US en chef à RBC Capital Markets s’est lui aussi montré optimiste suite aux chiffres de l’emploi de vendredi, notant que les données suggèrent maintenant "que les gains d'emplois de mai ne sont que le début".
« La trajectoire de la reprise suggère qu’un volume de créations d’emplois de plus de 10 millions en juin » est envisageable a-t-il estimé.
La réunion de la Fed de mercredi, le prochain grand test du rallye des actions
En attendant ce rapport qui sera publié dans un mois, le sort de rallye des actions dépendra en grande partie de la réunion de la Réserve Fédérale américaine cette semaine.
La Fed publiera sa décision de taux mercredi à 20h, avec une intervention de Jerome Powell ensuite à partir de 20h30.
Aucune décision n’est anticipée pour cette réunion, mais le marché sera très attentif à l’avis de la Fed en ce qui concerne l’économie suite au rapport de l’emploi de vendredi dernier.
Cependant, "il est extrêmement improbable qu'une poignée d'indicateurs plus positifs, comme les salaires non agricoles (…), poussent la Fed à réécrire le texte à la volée", a déclaré Derek Holt, responsable de l'économie des marchés de capitaux à la Banque Scotia.
Ethan Harris, responsable de l'économie mondiale à la Bank of America (NYSE:BAC), a quant à lui déclaré que la Fed pourrait clarifier sa position sur certaines des mesures extraordinaires qu'elle a prises depuis qu'elle a réduit les taux à zéro.
Haris relève également qu’il y a eu des spéculations sur le fait que la Fed mettrait en place une sorte de "contrôle de la courbe des taux", un programme visant à maintenir les taux d'intérêt plafonnés à certains niveaux, mais il a également jugé "qu'il est trop tôt pour cela".
L'économiste américain en chef de Barclays (LON:BARC), Michael Gapen, pense à l’inverse qu'il est possible que la Fed annonce le contrôle de la courbe des taux.
"Nous avons dit qu'ils pourraient mettre en place un contrôle de la courbe des taux sur trois ans", a-t-il dit. "Dans mon esprit, cela correspond à la longueur de l'horizon des projections économiques."
Si la Fed prend de nouvelles mesures, la hausse des marchés pourrait ainsi perdurer, mais un avis optimiste sur l’économie assortit de la promesse d’actions si le vent tourne pourrait également suffire.