BRUXELLES (Reuters) - La "démocratie est menacée" dans les pays des Balkans candidats à l'adhésion à l'Union européenne, particulièrement en Bosnie, a averti lundi le ministre croate des Affaires étrangères avant une réunion des chefs de la diplomatie des Vingt-Sept, où la situation dans la région est à l'ordre du jour.
"La situation s'aggrave dans les Balkans occidentaux, les divisions s'accroissent", a déclaré Gordan Grlic Radman à des journalistes.
Le ministre croate a notamment insisté sur le danger des appels au séparatisme en Bosnie. "Les actions rappelant les années 1990 doivent cesser", a-t-il prévenu, en référence aux conflits sanglants qui ont suivi l'éclatement de la Yougoslavie.
La Bosnie est confrontée actuellement à sa plus grave crise politique depuis la fin de la guerre de 1992-1995, les Serbes de Bosnie paralysant le fonctionnement du gouvernement central depuis la fin juillet.
Vendredi, l'Allemagne a menacé d'interrompre son aide financière au pays en dénonçant les appels à la sécession et les initiatives "irresponsables" et "inacceptables" du dirigeant bosno-serbe Milorad Dodik visant à affaiblir les institutions étatiques.
En vertu des accords de paix de Dayton de 1995, la Bosnie est divisée en deux entités autonomes, la République serbe de Bosnie et la Fédération de Bosnie-Herzégovine dominée par les Croates et les Musulmans bosniaques, reliées entre elles par un gouvernement central aux prérogatives limitées.
L'Union européenne s'est engagée début octobre à intégrer à terme six pays des Balkans - Serbie, Monténégro, Bosnie, Macédoine du Nord, Kosovo et Albanie -, en évitant de fixer une date pour atteindre cet objectif, sur fond de dissensions entre les Vingt-Sept sur le processus d'élargissement et de persistance de querelles régionales.
(Reportage Robin Emmott; version française Jean-Stéphane Brosse)