Par Carlos Gonzalez
Investing.com -- À première vue, le second tour des élections françaises qui se tiendra ce dimanche 24 avril présente moins de risques et de dangers que, par exemple, les précédentes élections de 2017, où Marine Le Pen avait ouvertement prôné le Frexit. De plus, il semble probable qu'aucun des deux ne sera en mesure d'obtenir une majorité à l'Assemblée nationale, ce qui signifie que le vainqueur, quel qu'il soit, devra faire des concessions afin d'obtenir une majorité parlementaire solvable.
À cet égard, Benjamin Melman, Global CIO Asset Management chez Edmond de Rothschild, a décomposé les principales différences entre les deux candidats à la présidence française à partir de lundi.
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En quoi les programmes économiques des candidats sont-ils similaires et en quoi diffèrent-ils ?
M. Melman souligne que les deux candidats promettent "d'apporter des changements importants et que leurs programmes partagent certaines mesures, comme la réduction des impôts sur la production et les successions et la suppression des licences de télévision. Cependant, le projet de Marine Le Pen de nationaliser les autoroutes est un élément de différenciation. La mesure aurait évidemment un impact important sur les entreprises concernées. Et les dépenses nécessaires pour mettre en œuvre ses mesures affecteraient sérieusement les finances du gouvernement, qui ont déjà été affectées par les récents plans de relance. Quant à Emmanuel Macron, sa promesse de réduire les impôts serait partiellement compensée par la réforme des retraites".
La réalité est qu'il y a peu de marge de manœuvre budgétaire, le déficit français devant atteindre 6,5 % du PIB en 2021. Ainsi, comme le poursuit M. Melman, "la BCE ayant réduit son soutien aux liquidités, les finances publiques joueront désormais un rôle plus important dans la dynamique des écarts de rendement des obligations. Cela dit, nous ne nous attendons pas à ce que les marchés réagissent de manière excessive, du moins dans un premier temps : après tout, il s'agit de promesses électorales et elles seront probablement ajustées lorsqu'une nouvelle majorité parlementaire sera formée. En bref, les questions macroéconomiques ne sont pas ce qui nous intéresse pour le moment".
La position sur l'Europe fera-t-elle une différence ?
Contrairement aux élections précédentes, Marine Le Pen n'a guère accordé de place à l'Europe, même si, comme le note le Global CIO Asset Management d'Edmond de Rothschild, " certaines parties de son programme suscitent des interrogations : la réintroduction des contrôles aux frontières, la diminution des contributions financières de la France à la Commission européenne et la fin de la primauté du droit européen sur le droit français vont à l'encontre des processus européens ".
Ainsi, même dans le cas hypothétique où Le Pen remporterait les élections et obtiendrait une majorité parlementaire opérationnelle, "il n'y a pratiquement aucune chance que la plupart des pays de l'UE les acceptent, et même ceux qui le feraient ne seraient pas entièrement d'accord", affirme Benjamin Melman.
En outre, poursuit M. Melman, "la Hongrie et la Pologne, par exemple, sont les plus favorables au rétablissement de la primauté du droit national sur le droit communautaire, mais les plus opposées à la réduction des contributions financières à Bruxelles. Dans ce cas précis, les institutions européennes, qui sont à la base de la monnaie unique, pourraient être paralysées. Une victoire de Marine Le Pen renforcerait également la volatilité des obligations d'État françaises et de la dette souveraine des pays périphériques, comme l'Italie. Les primes sur les bunds allemands continueraient à augmenter jusqu'à ce que le risque de paralysie diminue".
Et qu'en pense le marché ?
Bien que l'écart dans les sondages entre les deux candidats soit étroit, Melman note que "les écarts entre l'obligation souveraine française (OAT) et le Bund allemand sont, en ce moment, deux fois moins importants qu'en 2017, lorsqu'il y avait plus d'incertitude sur les deux candidats". Quant aux marchés d'actions, le CAC 40 a connu une ou deux séances plus volatiles que le reste de l'Europe".
Melman note que "tout retour du risque politique européen qui n'est pas encore escompté par les marchés dépend de Marine Le Pen.
- Elle gagne,
- obtient une majorité parlementaire pour former un gouvernement, puis
- maintient ses objectifs par rapport à l'Europe".
Melman confirme donc qu'"il y a tellement de "si" que la probabilité de ce scénario est faible".