Investing.com - Selon un récent rapport de la compagnie d'assurance Swiss Re AG (SIX:SRENH), 20% des pays du monde risquent de voir leurs écosystèmes s'effondrer en raison du déclin de la biodiversité.
Le réassureur a déclaré que plus de la moitié du PIB mondial, soit environ 42000 milliards de dollars, dépend fortement d'une "biodiversité et de services écosystémiques performants" et avertit que un pays sur 5 est proche du point de basculement.
Swiss Re se base sur son indice de biodiversité et de services écosystémiques (BES), qui prend en compte divers critères dont :
- La sécurité de l'eau
- L’approvisionnement en bois
- L’approvisionnement alimentaire
- L’intégrité de l'habitat
- La pollinisation
- La fertilité des sols
- La qualité de l'eau
- La régulation de la qualité de l'air et du climat local
- Le contrôle de l'érosion
- La protection des côtes
Cet indice a été conçu pour offrir aux responsables gouvernementaux et aux chefs d'entreprise une meilleure vue d'ensemble des écosystèmes locaux qui sont si essentiels à leur économie. Les réassureurs peuvent utiliser le BES pour développer des solutions d'assurance qui protègent les communautés menacées par la perte de biodiversité.
D’après cet indice, et selon le rapport de Swiss Re, l'Afrique du Sud, l'Inde, la Turquie, le Mexique et l'Italie avaient les parts les plus élevées d'écosystèmes fragiles dans l'indice BES, en ce qui concerne les pays du G20. Par ailleurs, certains pays, dont l'Allemagne, le Canada, l'Indonésie, le Brésil et le Royaume-Uni, affichent des pourcentages très faibles d'écosystèmes fragiles.
Christian Mumenthaler, directeur général du groupe Swiss Re, a déclaré "Ce travail important fournit une base de données permettant de comprendre les risques économiques liés à la détérioration de la biodiversité et des écosystèmes. En retour, nous pouvons éclairer les décisions gouvernementales afin de contribuer à améliorer la restauration et la préservation des écosystèmes".
"Nous pouvons également soutenir les entreprises et les investisseurs dans leurs efforts pour se prémunir contre les chocs environnementaux. Forts de ces informations, nous pouvons également garantir la fourniture de services d'assurance durables plus solides", a-t-il ajouté
Selon Swiss Re, certains pays en développement et développés sont menacés par des problèmes de pénurie d'eau, ce qui pourrait nuire aux secteurs manufacturiers, aux propriétés et aux chaînes d'approvisionnement. L'effet domino que la perte de biodiversité pourrait avoir sur les économies sera catastrophique si rien n'est fait, indique la société.
En ce qui concerne les solutions pour éviter des scénarios catastrophe, le rapport parle de "simples actions de préservation" :
"Par exemple, la restauration des écosystèmes le long de la côte de la Louisiane pourrait réduire les coûts attendus des inondations de 5,3 milliards de dollars par an. Des mesures visant à garantir le bon fonctionnement des récifs coralliens à l'échelle mondiale pourraient réduire les dommages estimés des inondations dues aux tempêtes centenaires qui, autrement, augmenteraient de 91 % dans le monde entier", indique le rapport.
Dans un commentaire du rapport cité par The Guardian, Alexander Pfaff, professeur de politique publique, d'économie et d'environnement à l'université de Duke aux États-Unis, a déclaré : "Les sociétés, du niveau local au niveau mondial, peuvent faire beaucoup mieux lorsque nous ne nous contentons pas de reconnaître l'importance des contributions de la nature - comme le fait cet indice BES - mais que nous en tenons compte dans nos actions, privées et publiques".
Pfaff a déclaré qu'il était important de noter que les impacts économiques de la dégradation de la nature ont commencé bien avant l'effondrement des écosystèmes, ajoutant : "Nommer un problème peut être la moitié de la solution, mais l'autre moitié consiste à agir".
Enfin, on rappellera qu’il existe une certaine prise de conscience du monde de l’investissement vis-à-vis des questions environnementales, comme le montre l’intérêt croissant des investisseurs pour les investissements socialement responsables, ou ESG. Une étude de la Bank of America a d’ailleurs récemment révélé que les plus grandes fortunes prévoient de significativement augmenter leurs investissements ESG au cours des prochaines années.