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Soupçons au sein de la banque Pasche Monaco: le Crédit Mutuel sur ses gardes

Publié le 09/04/2014 17:48
Mis à jour le 09/04/2014 18:15
Soupçons au sein de la banque Pasche Monaco: le Crédit Mutuel sur ses gardes

Une conférence de presse enregistrée par un huissier de justice à la demande d'une grande banque française? C'est arrivé mercredi à Lyon, autour d'une vieille affaire d'héritage perdu au Liechtenstein et de salariés licenciés dans une banque de Monaco, sur fond d'information judiciaire.

Depuis novembre, Banque Pasche Monaco est dans le collimateur de la justice du Rocher, qui enquête sur des faits présumés de blanchiment d'argent et de "défaut de déclarations de soupçons". Novembre, c'est aussi la date à laquelle Pasche Monaco, jusque-là filiale du Crédit Mutuel via la Lyonnaise de banque, a été cédée au luxembourgeois Banque Havilland.

Cela n'a pas empêché le groupe français, mercredi à Lyon, de faire enregistrer les propos d'une avocate marseillaise qui avait convoqué la presse pour évoquer, avec un confrère local, la situation de quatre de leurs clients "qui s'estiment victimes de la filiale exotique d'une grande banque lyonnaise". Prévenue dix minutes avant, Me Sophie Jonquet n'a pu éviter la présence d'un huissier muni d'un dictaphone.

Le Crédit Mutuel et Pasche Monaco ont fait valoir auprès du tribunal de grande instance de Lyon qu'ils avaient déjà été victimes dans cette affaire "de propos susceptibles de porter atteinte à leur présomption d'innocence" de la part de Me Jonquet. Pour le TGI, la présence surprise de l'huissier devait leur permettre de recueillir des preuves aux fins de poursuivre l'avocate.

Celle-ci juge "inacceptable" qu'on essaie ainsi de la museler. "Je ne fais que mon métier: défendre mes clients, qui ont été évincés simplement parce qu'ils ont été honnêtes", a dénoncé Me Jonquet, qui défend trois ex-employés de Banque Pasche Monaco licenciés à l'été 2013, à l'origine de l'enquête monégasque. Contacté par l'AFP, le Crédit Mutuel n'a pas souhaité faire de commentaires.

- Conversation enregistrée -

D'après Sophie Jonquet, les trois salariés de Pasche Monaco avaient prévenu leur hiérarchie, fin 2012, d'opérations sortant du cadre légal, comme le maquillage de dépôts en espèces en virements bancaires, sans effet. Munie d'une conversation enregistrée au sein de la banque, l'avocate dit avoir elle-même averti la direction du CIC de pratiques douteuses dans sa filiale, portant sur "des millions d'euros". A la suite de quoi ses clients auraient été licenciés.

Selon le Crédit Mutuel, deux d'entre eux ont perdu leur poste dans le cadre de la cession de Pasche Monaco à Havilland, et le troisième a été licencié pour "faute lourde", au motif qu'il menait une activité concurrente à celle de sa banque. Cela n'aurait donc rien à voir avec leurs révélations, pour lesquelles Pasche Monaco a toutefois porté plainte pour dénonciation calomnieuse.

Leurs cas seront examinés le 28 avril par le Tribunal du travail de Monaco. Pour l'un d'eux, la commission paritaire de l'Association monégasque des activités financières a estimé en septembre que son licenciement n'était pas justifié.

Me Jonquet s'exprimait mercredi aux côtés de Philippe Genin, avocat de l'héritier d'une famille de richissimes commerçants lyonnais. Qui a, lui, des démêlés judiciaires avec Pasche Genève, autre filiale du Crédit Mutuel via la Lyonnaise de banque. Pour des faits présumés de démarchage illicite, faux et usage de faux, et d'abus de confiance.

En jeu, plus de 15 millions d'euros que Pasche aurait dilapidés dans des placements spéculatifs sur la fortune familiale, confiée à une fondation du Liechtenstein, empochant au passage de lucratives commissions. Aux dépens de la mère, décédée en 2004, et surtout du fils, qui n'a récupéré que 60% des avoirs familiaux cachés au fisc français - auprès duquel il a régularisé sa situation.

En 2011, Me Genin a réclamé une expertise au tribunal de commerce de Lyon, qui s'est déclaré incompétent territorialement, décision confirmée en appel. Mais invalidée par la Cour de cassation qui a renvoyé l'affaire devant la cour d'appel de Grenoble, où l'avocat espère enfin pouvoir débattre prochainement. Et donner peut-être du grain à moudre aux enquêteurs monégasques.

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