Le liquidateur de l'affaire Madoff, qui cherche à récupérer les fonds perdus par les victimes de cette gigantesque escroquerie, a annoncé qu'il réclamait au moins 9 milliards de dollars à la banque britannique HSBC et diverses entités associées, dans un communiqué consulté lundi.
Le liquidateur Irving Picard a annoncé qu'il accusait ces firmes d'avoir été complices de la fraude échafaudée par Bernard Madoff en créant, vendant et entretenant "un réseau international d'une douzaine de fonds rabatteurs basés en Europe, dans les Caraïbes, et en Amérique centrale".
M. Picard affirme dans sa plainte que HSBC et ces fonds ont conduit des investisseurs à confier plus de 8,9 milliards de dollars au financier new-yorkais, et se sont eux-mêmes enrichis à hauteur de plusieurs millions de dollars.
La banque italienne UniCredit et la financière autrichienne Sonja Kohn, notamment, sont associées à cette même procédure, pour avoir participé à la construction d'un "labyrinthe" d'institutions ayant conduit à donner l'impression fausse de divers niveaux de vérifications et contrôle.
HSBC a nié en bloc les accusations.
"HSBC se défend vigoureusement contre les poursuites portant sur l'affaire Madoff qui la visent dans diverses juridictions à travers le monde, y compris des poursuites en nom collectif aux Etats-Unis. HSBC pense que les accusations portées par le liquidateur (...) sont sans fondement et se défendra également vigoureusement contre elles", a fait valoir la banque dans un communiqué.
La semaine dernière, M. Picard avait déjà réclamé 6,4 milliards de dollars à la banque américaine JPMorgan Chase, et le mois dernier deux milliards de dollars à la banque suisse UBS et à des fonds associés. Ces deux établissements ont également promis de vigoureusement se défendre contre ces accusations.
En revanche M. Picard a annoncé un accord avec la banque suisse Union bancaire privée lui permettant de récupérer 500 millions de dollars.
Le liquidateur a jusqu'à la fin de la semaine pour porter plainte contre des complices présumés et réclamer des fonds au bénéfice des victimes.
Cela fera alors deux ans qu'a été arrêté M. Madoff, qui a été condamné en 2009 à 150 ans de prison pour cette escroquerie, estimée entre 23 et plus de 65 milliards de dollars, selon que l'on compte avec ou sans les intérêts.
Selon M. Picard, HSBC et les individus et entités associés dans cette plainte "étaient bien au courant des indices de fraude" entourant la firme de Bernard Madoff: "à deux reprises HSBC a embauché le cabinet d'audit KPMG pour examiner (le fonds de M. Madoff) BLMIS, et deux fois KPMG a fait état de risques graves qui étaient déjà connus de HSBC".
"Si HSBC et les accusés avaient réagi comme il le fallait à ces alertes et à d'autres indications évidentes de fraude énumérées dans la plainte (déposée devant le tribunal des faillites à New York), la fraude de Ponzi orchestrée par Madoff se serait effondrée des années plus tôt, avec des milliards de dollars et un nombre incalculable de victimes en moins", a souligné M. Picard, cité dans le communiqué.
L'avocat David Sheehan, conseil de M. Picard, a souligné pour a part que "chacun des accusés avait une forte incitation financière pour participer, perpétuer et garder le silence" sur la fraude.