Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a obtenu vendredi le soutien de principe des députés pour une nouvelle aide à la Grèce, après un ardent plaidoyer pour la "responsabilité allemande envers l'Europe".
Dans un discours au Bundestag, chambre basse du parlement allemand, M. Schäuble a signalé sa volonté de s'entendre avec la BCE sur les modalités.
"C'est nous qui avons le plus bénéficié de l'euro", a martelé le ministre, souvent qualifié de "dernier Européen" du gouvernement allemand, "et à ce titre nous avons une responsabilité envers l'Europe", et même "une responsabilité envers le monde entier".
Et cette responsabilité implique de remettre au pot pour la Grèce, déjà soutenue par ses partenaires l'an dernier mais dont la situation financière pose à nouveau aujourd'hui "un grave danger pour la monnaie commune et pour l'économie mondiale", selon M. Schäuble.
Au terme d'un débat agité, les députés de la majorité ont adopté une résolution qui soutient le principe d'une nouvelle aide à Athènes, sous conditions. Le texte a une valeur juridique limitée, mais pour le gouvernement, son adoption a une forte portée symbolique.
Un certain nombre de députés de la majorité, conservateurs comme libéraux, s'étaient rebellés ces derniers temps contre les aides à la zone euro.
Finalement, seuls cinq députés de la majorité ont voté contre, mais "je comprends que beaucoup de collègues se demandent 'va-t-on dans la bonne direction?'", a reconnu le chef du groupe parlementaire conservateur Volker Kauder.
Les deux principaux partis de l'opposition, sociaux-démocrates et Verts, soutiennent l'aide à la Grèce.
Les décisions à prendre "sont difficiles pour beaucoup de citoyens", a reconnu M. Schäuble.
C'est pour cette raison que l'Allemagne réclame avec insistance une participation des créanciers privés, banques, assureurs et fonds, aux coûts d'une nouvelle aide. Le montant d'un nouveau paquet est estimé au total à quelque 90 milliards d'euros.
Banques et assureurs ont investi dans la dette grecque, prometteuse de gains juteux par le biais de taux d'intérêt élevés. Maintenant il est "inévitable" qu'ils assument ce risque, a asséné vendredi M. Schäuble.
La participation des créanciers privés au sauvetage d'Athènes enverra "le signal que l'on ne peut pas transférer tous les risques au contribuable", a-t-il dit.
Les modalités proposées par Berlin pour cette participation du privé -- un échange de toutes les obligations en circulation pour des titres de maturité beaucoup plus longues -- vont trop loin pour ses partenaires, pour qui elles s'apparentent à la restructuration de la dette qu'ils veulent éviter à tout prix.
C'est le cas de la France, dont les banques sont les premières créancières de la Grèce, et surtout de la Banque centrale européenne (BCE). Mais M. Schäuble a affirmé qu'il ne ferait rien sans l'aval de la BCE.
"Pour trouver une bonne solution à laquelle la BCE peut souscrire, à laquelle la BCE doit souscrire, nous avons décidé avec l'Eurogroupe de mettre en place un groupe de travail qui va analyser la marge de manoeuvre étroite entre participation des créanciers privés et conséquences négatives sur les marchés financiers", a déclaré le ministre, disant comprendre les préoccupations des gardiens de l'euro.
De toute façon les propositions de M. Schäuble, transmises à ses partenaires dans un courrier en début de semaine, sont une base de discussion, fait savoir le ministère des Finances à Berlin.