La chancelière allemande Angela Merkel aborde jeudi à Ottawa avec le Premier ministre canadien Stephen Harper plusieurs dossiers d'actualité de premier plan, dont l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, la crise de l'euro et la situation en Syrie.
Les deux dirigeants ont eu l'occasion de débroussailler quelque peu le terrain la veille, lors d'un dîner privé offert par M. Harper dans sa résidence d'été au bord du lac Mousseau - Harrington Lake pour les anglophones -, à Gatineau, près d'Ottawa.
Selon des sources canadiennes, ce barbecue devait leur permettre d'avoir une longue conversation à bâtons rompus, sans agenda précis ni assistants alentour.
Mme Merkel et M. Harper sont apparus détendus et sereins quand ils ont fait quelques pas devant les caméras.
Ils se sont approchés d'un inukshuk, une construction de pierres ayant une forme humaine et servant traditionnellement de repère aux autochtones, puis ont savouré le calme des eaux du lac, encore bien éclairées par le soleil qui allait bientôt disparaître dans la riche verdure fermant l'horizon.
Cependant, leur tâche ne s'annonçait pas nécessairement facile. Ils devaient chercher à éliminer les derniers obstacles sur le chemin de l'accord de libre-échange en préparation entre Ottawa et l'Union européenne, pour tenter de le conclure encore cette année.
Cet accord est en fait négocié avec la Commission européenne, mais le poids de la première économie européenne dans ces pourparlers ne peut être ignoré. Selon des sources allemandes, ce serait au Canada de "bouger".
Ce sont la propriété intellectuelle, les marchés publics, les brevets pharmaceutiques et certains aspects du secteur des services qui font problème, a confirmé un responsable allemand à la veille de la visite.
Aux antipodes
Sur la question des marchés publics, ce sont les provinces canadiennes qui craignent la concurrence des entreprises européennes. Elus locaux et syndicalistes ont manifesté à Ottawa en décembre dernier, déplorant le manque de transparence des pourparlers menés par le gouvernement fédéral.
Les bonnes relations personnelles entre la chancelière, dont c'est la première visite bilatérale au Canada, et M. Harper pourraient favoriser des progrès. Ils sont, dans cet ordre, les deux dirigeants du G8 les plus anciens dans leurs fonctions. Selon un responsable allemand, "ils se téléphonent régulièrement" et ont noué "des relations de confiance".
Cependant, sur un autre sujet majeur, la crise de la zone euro, les deux pays sont aux antipodes. L'Allemagne a dû mettre la main au portefeuille pour secourir l'euro, tandis que le Canada refuse par principe d'y contribuer.
Son ministre des Finances, Jim Flaherty, l'a confirmé mercredi quelques heures avant l'atterrissage de l'avion de Mme Merkel à Ottawa.
"Il n'est pas nécessaire que le Canada consacre ses ressources à aider à résoudre le problème européen, vu que les pays européens comptent parmi les plus riches au monde", a-t-il dit aux journalistes.
Le ministre a estimé que l'Europe "n'avait pas fait assez" et "doit faire plus" en matière d'endettement.
Quant à la Syrie, préoccupation majeure de la communauté internationale, Ottawa et Berlin se confortent mutuellement dans l'idée qu'une intervention militaire n'est pas une option à l'ordre du jour.
Jeudi après-midi, la chancelière se rend à l'Université Dalhousie à Halifax, sur la côte atlantique du Canada. Docteur en chimie, Mme Merkel s'y entretiendra avec des chercheurs canadiens de biologie marine et de questions environnementales, avant de reprendre l'avion dans la soirée pour rentrer à Berlin.