LE BOURGET, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Les experts français chargés de l'enquête sur le crash de l'Airbus (PARIS:AIR) A320 de Germanwings ont entamé l'examen de la boîte noire retrouvée mardi pour tenter de comprendre la catastrophe et n'écartent aucun scénario, hormis celui d'une explosion.
Au lendemain de l'accident qui a fait 150 morts, le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile a précisé que le décryptage de l'enregistreur phonique (CVR), qui contient les conversations dans le cockpit, pourrait prendre "des semaines, voire des mois".
Problème technique ou acte intentionnel, Rémi Jouty a souligné lors d'une conférence de presse qu'"aucun élément", pour l'heure, "ne permet de trancher" sur l'origine du drame.
Il s'est refusé à livrer des précisions sur la teneur du fichier audio extrait par les techniciens, qui espèrent pouvoir retrouver la seconde boîte noire, celle enregistrant les données de vol (FDR), afin de comprendre les raisons qui ont conduit le vol 4U9525 à engager une descente continue d'une dizaine de minutes jusqu'au crash dans un massif proche de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence).
Le directeur du BEA a démenti que "l'enveloppe" de la deuxième boîte noire ait été localisée, comme l'avait déclaré peu auparavant François Hollande sur le site de l'accident.
Selon les premiers éléments de l'enquête, le dernier message émis par l'appareil, qui effectuait la liaison entre Barcelone et Düsseldorf, était "un message de routine".
A environ 10h30, l'avion, qui volait sur l'itinéraire prévu à une altitude de 30.000 pieds, "commence une descente qui se continue jusqu'à l'impact" sans annonce préalable et sans répondre aux tentatives de contact du contrôle aérien.
L'AVION A VOLÉ JUSQU'À L'IMPACT
"A ce stade-là, nous ne sommes pas en mesure d'avoir la moindre explication ou interprétation sur les raisons qui ont pu conduire cet avion à descendre", a dit Rémi Jouty.
"Cette courbe, a-t-il toutefois précisé, est compatible avec un avion contrôlé par un pilote automatique". "On n'imagine pas que des pilotes iraient consciemment envoyer un avion vers une montagne".
Des médias allemands et britanniques évoquaient mercredi une possible dépressurisation, peut-être consécutive au bris d'un hublot du cockpit. "A ce stade-là, je n'ai aucun début de scénario", a répondu le directeur du BEA aux questions des journalistes à ce sujet.
En outre, il s'est refusé à tout commentaire sur le fait de savoir si les pilotes, des professionnels aguerris selon la Lufthansa (XETRA:LHAG), étaient conscients ou non lors du crash.
Seule quasi-certitude, l'appareil n'a pas explosé en vol: la trajectoire radar indique que l'A320 "a volé jusqu'au bout" et l'éparpillement des débris, de très petite taille, n'est "pas du tout caractéristique d'un avion qui a explosé en vol".
Les conditions météorologiques qui prévalaient au moment de l'accident ne sont pas jugées "particulièrement difficiles" par le BEA dont des enquêteurs travaillent sur le site du crash aux côtés de représentants d'Airbus.
Rémi Jouty s'est dit "confiant" de pouvoir comprendre les circonstances de la catastrophe une fois retrouvée la deuxième boîte noire, qui permettra une analyse coordonnée des différents paramètres de vol.
(Sophie Louet avec Tim Hepher et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)