Le gestionnaire de la fortune de la milliardaire Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, a été entendu jeudi au pôle financier de Paris dans une enquête française sur la fraude Madoff, a constaté un photographe de l'AFP.
M. de Maistre a été entendu par le juge d'instruction chargé du dossier, Renaud van Ruymbeke, qui s'intéresse aux liens présumés de l'un des principaux protagonistes de l'affaire Bettencourt avec le financier américain Bernard Madoff.
Le juge van Ruymbeke est chargé des différentes informations judiciaires ouvertes en France sur la fraude Madoff, notamment celle sur des placements réalisés par le fonds luxembourgeois Luxalpha auprès du financier américain.
Luxalpha, adossé à la banque suisse UBS, est un fonds d'investissement basé au Luxembourg qui a placé les sommes drainées auprès des épargnants européens dans les sociétés de Bernard Madoff.
L'ouverture de l'information judiciaire sur ce fonds fait suite au dépôt d'une plainte en janvier 2009 par une Parisienne de 66 ans qui avait investi 540.000 euros dans Luxalpha. Liliane Bettencourt aurait pour sa part perdu environ 30 millions d'euros à cause la fraude mise en place par M. Madoff.
La Sicav Luxalpha a finalement été placée en liquidation depuis avril 2009.
Dans un livre ("Madoff et moi", Flammarion) publié le 15 septembre, un jeune Français ayant travaillé pour l'un des fonds Madoff à New York, Hugues Armand-Delille, affirme que "l'unique client qu'(il a) vu rencontrer l'illustre Madoff (...) est un certain Patrice de Maistre, pour le compte de Liliane Bettencourt".
Patrice de Maistre est entré au service de Liliane Bettencourt en 2003. Il a été entendu dans le cadre des enquêtes menées par le parquet de Nanterre sur un éventuel trafic d'influence et des soupçons de blanchiment de fraude fiscale dans la tentaculaire "affaire Bettencourt".
Le juge Van Ruymbeke s'intéresse parallèlement au rôle de la banque américaine JPMorgan Chase, qui avait retiré tous les fonds investis chez Bernard Madoff en septembre 2008, soit trois mois avant l'arrestation de l'escroc.
Selon la note de la banque américaine, fournie au juge dans le cadre d'une commission rogatoire internationale et citée par le Parisien, "la banque n'a jamais su ou cru que le système Madoff était une escroquerie", mais a constaté "un manque de transparence" entourant la société d'investissement de Bernard Madoff.