BERLIN (Reuters) - Angela Merkel s'efforce, dans une interview publiée samedi dans la presse allemande, de convaincre ses compatriotes de l'intérêt pour l'Allemagne d'un accord entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur la création de la plus grande zone de libre-échange au monde.
Dans le Süddeutsche Zeitung, la chancelière allemande souhaite que les négociations en cours entre l'UE et les USA soient conclues avant le départ de Barack Obama de la Maison blanche en janvier 2017.
Sans un accord à cette date, qui marquera l'arrivée au pouvoir d'un nouveau président aux Etats-Unis, Angela Merkel craint "une longue interruption" des discussions.
"Il est important à mes yeux que le libre-échange transatlantique suive le rythme de la région Pacifique", déclare la chancelière allemande en allusion aux négociations avancées entre les Etats-Unis et plusieurs pays d'Asie et d'Océanie sur la création d'un partenariat transpacifique (TPP).
L'UE et les Etats-Unis négocient de leur côté un Partenariat transatlantique pour le commerce et l'investissement (TTIP selon son sigle anglais), qui, selon ses promoteurs, pourrait générer 100 milliards de dollars d'activité supplémentaire des deux côtés de l'Atlantique chaque année.
Ce traité en cours de négociation suscite toutefois de vives réticences en Europe, y compris en Allemagne malgré une économie tournée vers les exportations.
"Les Etats-Unis sont l'un de nos plus importants partenaires commerciaux", plaide Angela Merkel dans le Süddeutsche Zeitung. "En particulier pour notre économie basée sur les exportations, les Etats-Unis sont le principal marché en dehors de l'UE, même bien plus grand que la Chine."
Il est donc "dans l'intérêt de nos emplois et de notre prospérité que nous encouragions le commerce avec les Etats-Unis et que nous ne l'abandonnions pas à des concurrents d'autres régions du monde", poursuit la chancelière allemande.
Reconnaissant l'opposition à laquelle se heurte ce projet de TTIP en Allemagne, elle ajoute : "Il y a des inquiétudes sur le fait de savoir si nos normes sociales et écologiques seront préservées."
Elle accuse cependant certaines associations de défense des consommateurs et écologistes de vouloir renforcer ces normes dans le cadre des négociations sur le TTIP plutôt que de chercher à les défendre. "C'est la mauvaise approche", dit-elle.
(Erik Kirschbaum, Bertrand Boucey pour le service français) 2015-05-30T105542Z_1007120001_LYNXMPEB4T04X_RTROPTP_1_OFRBS-UNION-USA-COMMERCE-ALLEMAGNE.JPG