PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron défend, dans les colonnes du Journal du dimanche, l'idée d'une Europe "à deux vitesses" avec une "avant-garde de la zone euro" et, "en temps voulu", une réforme des traités européens, ce que la France et l'Allemagne semblent exclure, au moins dans l'immédiat.
"Il faut accepter l'idée que l'Europe se fasse à deux vitesses, qu'il y ait une union solidaire et différenciée. Il y a une histoire à 28 (l'Union européenne-NDLR) et une histoire à 19 (la zone euro-NDLR)", déclare le ministre français de l'Economie.
"L'Europe à 28 doit être plus simple, plus claire, plus efficace et continuer à avancer sur le numérique et l'énergie", dit-il. "L'avant-garde de la zone euro doit, elle, aller vers plus de solidarité et d'intégration : un budget commun, une capacité d'endettement commune et une convergence fiscale", ajoute-t-il.
"L'important c'est le projet. Le changement de traité est une modalité qui en découle et qu'il faut préparer en temps voulu", poursuit Emmanuel Macron, qui précise ne pas "porter la parole du gouvernement" mais s'exprimer "pour faire avancer le débat collectif."
Dans une tribune publiée vendredi par le journal Bild, le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, a invité l'Allemagne et la France à poursuivre la construction européenne sans nécessairement attendre que les autres pays de l'Union les suivent au même rythme.
Selon le JDD, les deux hommes doivent rendre publiques des propositions communes cette semaine.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, qui veut obtenir une réforme de l'UE avant un référendum sur le maintien de son pays dans l'UE d'ici fin 2017, a invité ses homologues européens à être "imaginatifs".
Sa demande d'une révision des traités est toutefois perçue comme une ligne rouge à Paris comme à Berlin.
Selon un document que Reuters a pu consulter, la France et l'Allemagne semblent vouloir allumer un contre-feu en élaborant un projet visant à renforcer la coopération entre les 19 pays de la zone euro sans toucher aux traités existants.
(Chine Labbé, édité par Bertrand Boucey)