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Référendum grec: le oui progresse, Tsipras tente de mobiliser ses compatriotes

Publié le 04/07/2015 07:22
Mis à jour le 04/07/2015 08:15
Des partisans du 'oui'au référendum grec manifestent à Athènes le 3 juillet 2015 (Photo IAKOVOS HATZISTAVROU. AFP)

Des partisans du 'oui'au référendum grec manifestent à Athènes le 3 juillet 2015 (Photo IAKOVOS HATZISTAVROU. AFP)

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est efforcé vendredi de galvaniser ses compatriotes, les appelant à dire non pour "vivre avec dignité en Europe", alors que le oui semblait progresser avant le référendum crucial de dimanche.

Le Premier ministre a rejoint en début de soirée le rassemblement des partisans du non, fendant la foule de plus de 25.000 personnes massée sur la place Syntagma, devant le Parlement à Athènes.

"Nous fêtons la victoire de la démocratie, la Grèce envoie un message de dignité, personne n'a le droit de menacer de diviser l'Europe", a lancé M. Tsipras sous les acclamations.

"Nous avons le droit de décider pour nous-mêmes", soutenait une manifestante, Katerina, 51 ans, interrogée par l'AFP. "Les mesures d'austérité qu'on nous a imposées nous ont menés à une situation encore pire".

Au même moment, plus de 22.000 partisans du oui se rassemblaient devant le stade où ont eu lieu en 1986 les premiers jeux Olympiques modernes, reprenant des slogans en faveur de l'Union européenne dans une mer de drapeaux grecs. "Le oui va donner un meilleur avenir à nos enfants", a assuré à la tribune le présentateur vedette Nikos Aliagas.

Pour la première fois, un sondage (de l'institut Alco) donnait vendredi l'avantage au oui, crédité de 44,8% des voix alors que le non recueillait 43,4%.

Mais un autre sondage, réalisé pour Bloomberg par l'Université de Macédoine, montrait un très léger avantage du non avec 43%, contre 42,5% pour le oui.

"Ce référendum a coupé la société grecque en deux groupes qui ont une compréhension différente de la question posée", a relevé le responsable de ce sondage, Nikos Marantzidis, professeur de sciences politiques à l'Université de Macédoine, cité par Bloomberg.

Avec une victoire du non, Alexis Tsipras se verrait "mieux armé" pour repartir à la table des négociations avec les créanciers (UE, BCE, FMI), qui d'ailleurs, selon le ministre des Finances Yanis Varoufakis, ont continué en coulisses cette semaine, avec "un accord plus ou moins scellé".

- Deux lectures -

Mais l'instauration forcée d'un contrôle du crédit pour parer à un début de panique bancaire, et les discours de plus en plus anxiogènes des créanciers, ont convaincu de nombreux Grecs que l'enjeu était bien, comme les créanciers le disent, la sortie de l'euro auquel, selon Alco, 74% d'entre eux sont attachés.

"Si les Grecs votent non, la position grecque sera considérablement affaiblie", a de nouveau affirmé vendredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a quant à lui relativisé, conseillant d'éviter les "messages dramatiques".

Mais le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a une nouvelle fois critiqué le gouvernement de M. Tsipras, qui selon lui "ne veut aucun programme de réformes".

"J'étais dès le début très sceptique quant à un résultat des discussions avec le gouvernement d'Athènes. Que ce scepticisme soit finalement confirmé ne m'étonne pas vraiment", a déclaré M. Schäuble au quotidien allemand Bild.

Dans l'après-midi, Alexis Tsipras a réclamé une baisse de 30% du montant de la dette grecque et "un délai de grâce" de 20 ans pour son remboursement.

M. Tsipras s'appuie sur un allié de poids, le FMI, qui a publié jeudi un rapport explosif appelant les Européens à de gros efforts sur la dette grecque (176% du PIB), dont ceux-ci ne veulent pour l'instant pas entendre parler.

Le Premier ministre grec a aussi de nouveau appelé le peuple à ne pas céder "aux ultimatums, au chantage et à la campagne de la peur".

- 'Mon argent est mieux chez moi' -

Pendant ce temps, les Grecs continuent à faire la queue devant les distributeurs pour prendre leurs 60 euros quotidiens.

Et les retraités dépourvus de carte de crédit doivent patienter pendant des heures devant certaines succursales ouvertes afin de retirer 120 euros pour la semaine.

M. Varoufakis a fustigé un article du Financial Times selon lequel les titulaires grecs de comptes en banque pourraient se voir prélever 30% de leurs dépôts pour renflouer le système bancaire du pays.

L'article du quotidien économique britannique "est une rumeur malveillante que le chef de l'Association des banques grecques a démentie ce matin", a écrit M. Varoufakis sur son compte Twitter.

A Thessalonique, vendredi, un retraité, Giorgos Chatzifotiadi, 77 ans, abattu de n'avoir pas pu percevoir ses 120 euros pour un problème administratif, pleurait d'épuisement, assis sur le trottoir, ses papiers en vrac près de lui.

Sa photo a fait le tour du monde. Quelques heures plus tard, rasséréné, il confiait à l'AFP: "Je ne peux pas supporter de voir mon pays dans cette misère. C'est pour ça que j'étais abattu, plutôt que par mon problème personnel".

Dans les commerces, l'activité était réduite, les Grecs préférant apparemment économiser, tels Kostas, un retraité du quartier populaire athénien de Pangrati, qui déclarait: "Mon argent est mieux chez moi".

Louka Katseli, directrice de l'Union des banques grecques et dirigeante de la Banque nationale grecque (BNG), a assuré que les banques grecques avaient "des liquidités suffisantes jusqu'à la réouverture des banques prévue pour mardi".

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