La Grèce négocie avec ses créanciers européens un étalement du remboursement du prêt accordé en mai par la zone euro et le FMI, en échange de nouvelles mesures d'austérité dans le budget 2011, tout en excluant un défaut de paiement.
Le Premier ministre grec Georges Papandreou a indiqué lundi à Paris que la France était "pour" un étalement du calendrier de remboursement, à l'issue d'une rencontre avec le président français Nicolas Sarkozy, tout en fustigeant l'attitude de l'Allemagne, l'autre grand créancier de la Grèce.
"La France est pour un prolongement du remboursement du prêt, ce qui va soulager la Grèce et créera la confiance sur les marchés", a-t-il dit aux journalistes grecs qui l'accompagnaient.
"En regardant l'évolution du prêt, il y a une accumulation d'un grand montant sur certaines années, donc, si le versement de ces montants était étalé sur une plus grande durée, la Grèce les rembourseraient plus facilement", a-t-il expliqué.
A Paris, M. Papandréou s'en est par ailleurs pris à Berlin, accusé d'être à l'origine de la hausse spectaculaire la semaine dernière des taux d'intérêt payés par l'Irlande et le Portugal, par sa volonté de faire payer les investisseurs privés en cas de défaillance d'un Etat.
Le gouvernement socialiste grec, qui a réussi à conserver la majorité des régions du pays lors des élections régionales dimanche malgré l'austérité en cours, a entamé lundi avec les représentants de la zone euro et du FMI une difficile négociation sur la poursuite des efforts de réduction du déficit public dans le budget 2011.
Le même jour, Bruxelles a annoncé une nouvelle révision à la hausse du déficit grec en 2009, à 15,4% du PIB, soit presque deux points au dessus des chiffres annoncés au printemps dernier.
Cette nième révision augure une intensification des mesures d'austérité dans le budget 2011 pour rester dans les clous des objectifs fixés en mai dans le plan de redressement négocié avec l'UE et le FMI.
Redoutée par les syndicats grecs, la révision effectuée par Bruxelles fait suite notamment à l'intégration des comptes (et des dettes) des entreprises publiques dans la comptabilité nationale.
Les syndicats craignent le prévisible tour de vis supplémentaire dans la rigueur après la première vague d'austérité imposée au printemps alliant coupes salariales, hausses des taxes, réforme des collectivités locales et des retraites.
La visite de la Troïka à Athènes, qui a démarré lundi, est désormais rituelle avant le versement de chaque tranche du prêt de 110 milliards d'euros consenti en mai, dont 30 milliards ont déjà été déboursés.
Un troisième versement du prêt, de 9 milliards d'euros, est prévu en décembre.
Déterminé à poursuivre l'assainissement budgétaire, M. Papandréou a assuré dimanche que "les éventuelles" nouvelles mesures concerneront surtout des privatisations et n'affecteront ni les salariés ni les retraités.
Lundi soir, des milliers de sympathisants du parti communiste grec, le KKE, et de la gauche radicale, Syriza, ont manifesté à Athènes et Salonique (nord) aux slogans "FMI go home" et en dénonçant "la rigueur UE-FMI". La centrale des salariés du privé, la GSEE, prévoit une grève le 15 décembre.