La Commission européenne a tenté lundi de rassurer Dublin en signifiant qu'une hausse de son impôt généreux sur les sociétés n'était pas la priorité des négociations pour finaliser d'ici la fin du mois l'aide à l'Irlande.
L'aide devrait atteindre jusqu'à 90 milliards d'euros selon des sources diplomatiques et "les négociations peuvent être finalisées d'ici la fin novembre", a indiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, dans un discours prononcé à Bruxelles.
"Il est probable qu'une hausse des impôts, malheureusement pour les citoyens irlandais, fasse partie de l'effort de consolidation budgétaire" demandé à l'Irlande en échange de l'aide financière extérieure internationale, a précisé le porte-parole de l'exécutif européen pour les questions économiques, Amadeu Altafaj.
Les mesures visant à réduire l'énorme déficit public national (32% du PIB attendu cette année) afin qu'il revienne dans la limite européenne de 3%, concerneront "tant le volet recettes que dépenses", a averti le porte-parole.
"Cependant, ceci n'implique pas qu'il y ait un point de vue spécifique ciblant une catégorie particulière de taxe et il appartient à présent au gouvernement irlandais de finaliser la composition" du plan d'économies budgétaires qu'il prévoit pour les quatre ans à venir, a-t-il dit.
Dublin refuse toute remise en cause de sa fiscalité très avantageuse à l'égard des entreprises, qui a attiré les multinationales pendant des années et alimenté son succès économique.
A 12,5%, soit le plus bas taux de la zone euro, l'imposition des sociétés en Irlande est toutefois dans le collimateur de plusieurs de ses partenaires qui y voient une forme de dumping fiscal entraînant des délocalisations d'entreprises.
La France, en pointe sur le sujet, a jugé "souhaitable" un alourdissement de la pression fiscale pour rétablir les finances publiques irlandaises, par la voix de sa ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
Le gouvernement allemand est sur une position voisine. "Il est clair que l'impôt sur les sociétés devra être un point parmi d'autres quand on songera à augmenter le côté +recettes+ du budget" irlandais", a déclaré son porte-parole Steffen Seibert.
Dublin "réclame aujourd'hui la solidarité européenne qu'il n'a jamais vraiment pratiquée", regrette Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Schuman, un centre de réflexion sur les questions européennes.
"Chaque fois que les Etats membres (de l'UE) ont voulu rapprocher leurs fiscalités, condition nécessaire d'une meilleure gouvernance de la zone euro, l'Irlande s'y est opposée (...) Aujourd'hui elle veut le beurre et l'argent du beurre. L'Union européenne ne doit pas accepter de l'aider à n'importe quel prix et remettre de l'ordre dans la maison", ajoute-t-il.