Les salariés portugais, privé et public confondus, devraient répondre massivement mercredi à l'appel à la grève générale lancé par leurs syndicats, unis pour la première fois depuis 1988 pour dénoncer l'austérité imposée par le gouvernement, sous la pression des marchés.
Après les importants mouvements sociaux qu'ont connus récemment la Grèce, l'Espagne ou la France, le Portugal devrait être à son tour paralysé par ce qui sera, selon les syndicats, "la plus grande grève de toujours".
"La mobilisation des travailleurs est énorme", assure Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, la principale centrale syndicale du pays. Alors que le Portugal se retrouve, après la Grèce et l'Irlande, dans la mire des marchés financiers, le dirigeant syndical appelle le gouvernement socialiste de José Socrates à refuser le "chantage des usuriers internationaux" et leur "recette de sacrifices".
Le Parlement portugais doit définitivement adopter vendredi un budget d'une rigueur sans précédent, qui doit permettre au pays de réduire son déficit public de 7,3% du PIB cette année à 4,6% fin 2011.
Cette cure d'austérité, qui cumule baisse de salaires, hausse d'impôts et diminution des prestations sociales, devrait entraîner une forte baisse du pouvoir d'achat dans un pays où le salaire moyen est inférieur à 800 euros.
"Il est inacceptable que les travailleurs fassent l'essentiel des sacrifices", dénonce Joao Proença de l'UGT, centrale historiquement proche du Parti socialiste. "On ne peut pas accepter que la première, la deuxième, et la troisième priorité du Portugal soit le déficit", ajoute le syndicaliste, qui met en avant l'"impact négatif" de cette politique sur l'emploi, alors que le taux de chômage a atteint le niveau historique de 10,9%.
Après la CGTP et l'UGT, de nombreux syndicats ont annoncé leur ralliement à la grève générale, notamment dans la banque, la presse, mais aussi le secteur pétrolier et les transports.
Plus de 500 vols devraient être annulés dans les différents aéroports portugais en raison de la grève des personnels de la compagnie publique TAP. Les ports, notamment de Lisbonne et Setubal, devraient également être paralysés.
Les déplacements devraient être particulièrement difficiles dans la capitale portugaise, où aucun service minimum ne sera assuré dans les transports. La dernière grève générale au Portugal remonte à mai 2007 et avait été organisée à l'époque par la seule CGTP, proche du Parti communiste, pour protester contre la politique de rigueur menée par le premier gouvernement de José Socrates, déjà pour redresser les déficits.
Lundi, le patron des syndicats européens, le Britannique John Monks, était à Lisbonne pour "aider à la préparation" de la première grève générale unitaire depuis 1988. Lors d'une conférence de presse, il a prédit "beaucoup d'agitation et de grèves générales dans les mois qui viennent" en Europe.