La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a indiqué mardi que la reprise économique était toujours insuffisante à ses yeux pour justifier un changement dans sa politique monétaire ultra-accommodante.
"La reprise économique se poursuit, quoiqu'à un rythme insuffisant pour faire baisser le chômage", écrit le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion à Washington.
Le texte montre que les dirigeants de la Réserve fédérale jugent la conjoncture très légèrement plus favorable que lors de leur rencontre de début novembre.
Il laisse néanmoins percer une inquiétude sur le plan du contrôle des prix en notant le ralentissement continu des mesures sous-jacentes de l'inflation.
De plus, s'ils notent une amélioration légère et fragile du côté de la consommation des ménages, les membres du Comité rappellent que le secteur du logement, à l'origine de la crise, "reste déprimé".
En conséquence, indique le FOMC, la Réserve fédérale maintient son taux directeur quasi nul en vigueur depuis deux ans et compte le garder très bas encore longtemps.
Le FOMC a confirmé par ailleurs les objectifs de son programme de rachats de titres du Trésor annoncé en novembre, qui devrait voir au total la Fed injecter jusqu'à 600 milliards de dollars supplémentaires dans le circuit bancaire d'ici à fin juin.
Le but de ces opérations, qui créent de la monnaie, est de faire baisser encore un peu plus les taux à long terme et donc le coût du crédit, dans l'espoir que cela incitera ménages et entreprises à emprunter pour consommer ou investir.
Ce programme est fortement décrié à l'étranger, où nombre de voix, en Europe comme dans les principaux pays émergents se sont élevées pour accuser la Fed de chercher à affaiblir de la sorte le dollar afin de doper les exportations américaines.
Niant ces accusations, le président de la Fed, Ben Bernanke, ne cesse de répéter que le seul objectif de son institution est de remettre sur pied l'économie américaine, ce qui, dit-il, ne pourra que profiter à l'ensemble de la planète.
Au sein même du FOMC, les injections de liquidités supplémentaires dans le système bancaire ne font pas l'unanimité, comme en a témoigné une nouvelle fois le vote dissident de Thomas Hoenig, président de l'antenne de la Fed de Kansas City, pour qui la politique actuelle de la Fed sème les graines d'une déstabilisation future de l'économie.
Le maintien de la ligne de conduite de la Fed était attendu après la publication des derniers chiffres officiels de l'emploi, qui ont montré un net ralentissement des embauches en novembre, et une remontée du chômage à 9,8% près de son plus haut niveau en une génération.
La légère amélioration de la perception de la conjoncture économique actuelle qui ressort du communiqué du FOMC correspond à l'état d'esprit général des analystes, encouragés par un certain nombre d'indicateurs favorables comme celui des ventes de détails publié mardi et le récent accord politique permettant un maintien des baisses d'impôts pour tous les Américains ainsi qu'une prolongation des allocations de chômage.
Nombre d'économistes prévoient que la hausse du PIB américain au quatrième trimestre s'accélèrera par rapport aux 2,5% relevés au troisième, certains pariant même sur une hausse pouvant aller jusqu'à 3,5%.
La Fed tempère néanmoins fortement les espoirs, comme le note Michael Gapen, analyste de Barclays Capital, qui résume ainsi le message du FOMC: "Ne vous emballez pas trop".