La promesse de Manuel Valls d'exonérer, voire de rembourser, les retraités aux revenus modestes du paiement des impôts locaux suscite les sarcasmes de la presse lundi: "Trop d'impro tue l'impôt".
"Trop d'impro tue l'impôt", titre l'éditorialiste de La Voix du Nord Matthieu Verrier, inspiré par ce nouveau rétropédalage gouvernemental. "Monsieur Bricolage travaille aussi le dimanche. Christian Eckert (le secrétaire d'Etat au Budget) tient ce rôle au sein du gouvernement", ironise-t-il. Rappelant l'annonce de celui-ci au JDD d'une exonération des retraités en 2016, il note que "ce jeu subtil est un des nombreux exemples de bricolage".
"Un ministre de la République qui appelle les contribuables à ne pas payer un impôt, c'est du jamais-vu", s'amuse Stéphane Albouy (Aujourd'hui en France/Le Parisien) qui estime que cette "situation inédite qui témoigne au mieux d'un manque de coordination entre le gouvernement et son administration. Et au pire, d'une coupable légèreté d'un certain nombre de responsables".
"Le gouvernement se donne suffisamment de mal pour convaincre les Français qu’il réduit désormais leurs impôts pour qu’il ne veuille pas qu’un nouveau débat vienne tout anéantir", analyse Marie Visot dans Le Figaro.
- "Imbroglio kafkaïen" -
"Etouffer toute nouvelle grogne fiscale avant les régionales, c’est l'un des objectifs désormais prioritaires de l’exécutif", décrypte Libération.
Pour La Charente Libre, "rien ne peut justifier le traitement en urgence absolue des effets indésirables d’une loi de 2008.(...) Rien, sauf des errements en matière de prévision qui débouchent sur une improvisation confinant à la panique politique et dont l’impact prévisible dans les urnes ne s’effacera pas d’un trait de plume".
"La suppression de la demi-part des veufs a certes été votée en 2008 mais avec un effet progressif jusqu’en 2014", rappelle Mickaël Tassart dans Le Courrier Picard qui s'étonne que le gouvernement n'ait réagi que "lorsque le couperet est tombé", ce qui dénote "un manque d’anticipation coupable".
"On ne peut que s’étonner que le gouvernement n’ait pas anticipé ce nouveau choc fiscal, ne serait-ce que pour éviter cet ascenseur émotionnel aux centaines de milliers de Français qui ont dû se dire l’espace de quelques jours qu’ils n’allaient plus arriver à joindre les deux bouts", s'indigne également Olivier Pirot dans La Nouvelle République du Centre Ouest.
"A l'heure de la simplification, voilà un bel exemple d’imbroglio kafkaïen qui sera finalement démêlé. Mais ne dites surtout pas qu’il s’agit d’une opération électorale à cinq semaines des régionales...", persifle Stéphane Siret de Paris-Normandie.