NEW YORK (Reuters) - La semaine agitée que Wall Street a connue a peut-être préparé le terrain au fameux "rally" de fin d'année, favorisé par un marché de l'emploi vigoureux aux Etats-Unis et par la baisse des prix pétroliers.
Wall Street a gagné plus de 2% vendredi, portée par les 211.000 emplois créés en novembre aux USA, plus nombreux que prévu, alors qu'elle avait sensiblement reculé la veille en raison de l'accueil glacial réservé par les investisseurs aux dernières mesures d'assouplissement de la Banque centrale européenne (BCE).
La statistique de l'emploi de novembre rend plus probable que jamais un relèvement des taux directeurs américains au terme de la réunion de la Réserve fédérale des 15 et 16 décembre, le premier depuis juin 2006, la Fed s'engageant par ailleurs à ne durcir sa politique monétaire que très progressivement.
La semaine qui vient donnera donc aux investisseurs l'occasion de procéder aux tout derniers ajustements de position avant cet événement très attendu et anticipé.
"Croissance et inflation faible, c'est ce qui se passe aux USA et c'est bien pour la Bourse", a dit Paul Zemsky (Voya Investment Management). "Hormis un événement géopolitique, je ne vois rien à l'horizon qui pousse la Fed à changer d'avis."
Après la déconvenue de jeudi, le président de la BCE Mario Draghi s'est employé le lendemain à remettre un peu d'ordre en déclarant que la banque centrale avait toujours la possibilité de prendre d'autres mesures si celles déjà décidées ne suffisait pas à relancer croissance et inflation.
"On peut dire en quelque sorte qu'il a tenté de réparer une partie des dégâts liés au fait qu'on a eu le sentiment qu'il n'en faisait pas assez", a dit Quincy Krosby ( Prudential Financial (L:PRU)).
A la différence de Mario Draghi, la présidente de la Fed Janet Yellen ne devrait pas surprendre les marchés, a-t-elle ajouté. "Tant qu'elle s'en tient à ce qu'elle a dit, le marché devrait bien réagir. Il anticipe à nouveau une hausse des taux et la bonne statistique de l'emploi devrait s'avérer un élément positif."
Quant aux cours pétroliers, ils ont reculé à nouveau car l'Opep n'est pas parvenue à s'entendre sur un plafond de production vendredi.
"Le vent debout de la baisse des prix pétroliers de 2015, pour ce qui est des bénéfices des sociétés, deviendra un vent arrière en 2016", a noté Steve Chiaravone (Federated Investors), mettant en avant les avantages de ce contexte pour le consommateur américain et qui pourraient se matérialiser dans la statistique des ventes au détail attendue vendredi prochain.
Enfin, décembre a toujours été le meilleur mois pour l'indice S&P-500, selon les données de Stock Trader's Almanac.
Dans ce contexte, les indicateurs économiques les plus suivis la semaine prochaine seront peut-être ceux de la Chine.
"L'indicateur manufacturier (...) de novembre attestait à nouveau d'une activité au ralenti, ce qui nous pousse à réexaminer notre prévision de croissance du PIB (du quatrième trimestre) de 7,0%, au risque de la revoir à la baisse", écrivait ING (AS:ING). "Nous ne voyons rien dans les statistique de la semaine prochaine - balance commerciale, inflation, agrégats monétaires - qui change la donne".
Les enquêtes de Reuters sur la balance commerciale, attendue mardi, laissent penser que les exportations et les importations chinoises auront continué de baisser, mais à un rythme moins marqué.
Les soubresauts de la Chine et l'inflation pratiquement inexistante de puissances économiques telles que la zone euro, le Japon et la Grande-Bretagne sont les principaux risques entravant ce que certains économistes appellent la normalisation de politiques monétaires actuellement ultra-accommodantes.
Sans que cela doive dissuader la Fed de lancer au moins le mouvement.
(Rodrigo Campos et Jeremy Gaunt, Wilfrid Exbrayat pour le service français)