par Supantha Mukherjee et Anya George Tharakan
(Reuters) - Yahoo a renoncé à céder ses parts dans Alibaba Group Holdings, en invoquant des raisons fiscales, et va à la place créer une nouvelle entité dans laquelle où il réunira tous ses actifs à l'exception de sa participation dans le géant chinois du commerce électronique.
La nouvelle entité, cotée, hébergera les activités internet de Yahoo et sa participation de 35% dans Yahoo Japan, a précisé le groupe américain mercredi à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration.
La réorganisation vise à donner aux investisseurs une image plus claire du coeur de métier de Yahoo mais sa mise en place devrait prendre au moins un an, ajoutant de nouvelles incertitudes aux efforts de la directrice générale, Marissa Meyer, pour redresser l'entreprise.
L'action Yahoo a initialement progressé à Wall Street après ces annonces mais elle a ensuite effacé ses gains, les investisseurs s'inquiétant de la complexité de la transformation à venir.
Le titre perdait 4,39% à 33,32 dollars à 17h45 GMT, après être monté jusqu'à 35,84 en début de séance. Au même moment, Alibaba abandonnait 1,34% à 83,24 dollars. Le S&P-500 cédait plus de 1% à ce stade et le Nasdaq Composite 1,75%.
Yahoo comptait initialement scinder d'ici janvier sa participation dans Alibaba, d'une valeur de plus de 30 milliards de dollars (27,3 milliards d'euros), mais ses principaux actionnaires n'ont pas voulu de cette mesure, de peur de son impact fiscal.
Avec sa capitalisation boursière d'environ 35 milliards de dollars, Yahoo doit presque toute sa valorisation à ses participations de 15% dans Alibaba et de 35% dans Yahoo Japan.
YAHOO.COM GARDE SON ATTRAIT
Lors d'une conférence téléphonique, les dirigeants du groupe ont dit rester convaincus que la scission d'Alibaba aurait pu être exemptée de taxes, mais ils ont noté que les inquiétudes des investisseurs à ce sujet avaient plombé le cours de Bourse.
Le nouveau plan permettra de supprimer une décote liée à la participation d'Alibaba mais le directeur financier, Ken Goldman, a reconnu qu'il devrait être approuvé par toutes les parties prenantes, autorités de régulation, actionnaires, porteurs d'obligations et d'autres "trop nombreux à citer."
Le plan original avec la scission d'Alibaba aurait été bien plus simple à mettre en oeuvre, a-t-il reconnu.
Les activités de recherche et de publicité de Yahoo ont été mises en difficulté par la concurrence de Google (O:GOOGL) (groupe Alphabet) et de Facebook (O:FB) mais Yahoo.com reste le cinquième site mondial en termes de visiteurs quotidiens selon la firme de recherche Alexa, ce qui pourrait en faire une cible attrayante pour un opérateur télécoms ou un fonds de capital-investissement.
Verizon Communications, le premier opérateur de téléphonie mobile, avait indiqué lundi, par la voix de son directeur financier, qu'il pourrait étudier l'opportunité d'un rachat de Yahoo si ses activités dans l'internet cadraient avec sa stratégie.
Selon les analystes de Jefferies, les activités de recherche et de publicité de Yahoo valent tout au plus trois milliards de dollars, à comparer aux 4,4 milliards que Verizon a déboursés en juin pour reprendre le portail AOL.
"La séparation de notre participation dans Alibaba, via cette scission inversée, apportera plus de transparence sur la valeur des activités de Yahoo", a déclaré Marissa Meyer dans le communiqué du groupe.
La directrice générale prévoyait d'utiliser le produit de la cession des 15% dans Alibaba pour développer l'offre de Yahoo dans les services mobiles, la vidéo et les réseaux sociaux.
Le projet de scission a été remis en question en septembre quand l'IRS, le fisc américain, a refusé de garantir à Yahoo que l'opération serait exemptée de taxes.
En novembre, le fonds activiste Starboard Value, un actionnaire de Yahoo jusque-là favorable à la scission, a exhorté le groupe à renoncer au projet et à vendre plutôt les activités qui constituent son coeur de métier sur internet.
En 2008, Yahoo avait rejeté une offre d'achat de 44,6 milliards de dollars présentée par Microsoft (O:MSFT).
(Supantha Mukherjee et Anya George Tharakan à Bangalore, Benoit Van Overstraeten et Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Angrand)