Des éleveurs de porcs et bovins, ainsi que des producteurs de lait, ont manifesté samedi en Côtes d'Armor, notamment devant des centres commerciaux, a-t-on appris auprès de la gendarmerie et de la police.
Les manifestants entendaient exprimer leur désespoir face à la dégradation de la situation financière de leurs exploitations en raison du prix d'achat trop bas de leur production, ont-ils expliqué.
La première action s'est déroulée tôt samedi matin, lorsque des éleveurs ont déversé des gravats aux abords et aux entrées d'un centre commercial à Plérin, à proximité du siège du Marché du porc breton (MPB), près de Saint-Brieuc, a-t-on appris auprès de la police.
Plusieurs autres actions se sont ensuite déroulées dans le secteur de Lannion, où d'autres groupes d'agriculteurs, à bord de plusieurs dizaines de tracteurs, ont déversé des déchets, de la terre ou des pneus, devant plusieurs grandes surfaces de la ville, de même que devant la MSA (Mutualité sociale agricole).
La situation d'une bonne partie des producteurs de porcs est "catastrophique" actuellement, rappelle-t-on de source syndicale, avec des cours beaucoup trop bas pour permettre de couvrir les coûts de production. Nombre de producteurs de lait sont également dans une situation très précaire.
La FDSEA des Côtes d’Armor "comprend ces actions" qui expriment "la détresse et le sentiment d’abandon qui domine aujourd’hui dans les campagnes", affirme le syndicat agricole majoritaire dans un communiqué en fin de journée.
Le syndicat "rappelle qu’au-delà de la situation dramatique qui touche en premier lieu les producteurs de porcs bretons, c’est aujourd’hui l’ensemble du monde de l’élevage qui est face à une crise économique sans précédent". "Malgré de très nombreuses alertes (...), les mesures d’urgence annoncées par le gouvernement sont sans effet sur la crise profonde que traversent toutes les filières animales", souligne le syndicat qui ajoute: "Les pansements sont aujourd’hui périmés, les plaies restent béantes car les problèmes de fond n’ont pas été traités".
Selon les centres d'expertise comptable qui gèrent la comptabilité des exploitations porcines, "entre 15 et 20% (de ces dernières) vont déposer le bilan dans les semaines à venir. Et de plus, 20% restent dans une situation de grande fragilité et ne passeront pas l'été" si les cours ne remontent pas ou si une solution alternative n'est pas trouvée, a-t-on ajouté de source syndicale. Cette situation se répercutera ensuite inévitablement sur les emplois dans les abattoirs ou les ateliers de transformation de la viande, rappelle-t-on.
Lors de la dernière cotation, jeudi, au MPB à Plérin, dont le prix sert de référence au plan national, le cours du porc s'est établi à 1,067 le kilo, contre 1,30 euro début octobre et même 1,40 en juillet, suite à une initiative gouvernementale.
La chute des cours du lait ainsi que des viandes bovines et porcines a alimenté tout l'été une vive fronde des agriculteurs.