BRUXELLES (Reuters) - François Hollande et Angela Merkel ont insisté jeudi à Bruxelles sur le respect des acquis européens par la Grande-Bretagne, dont le Premier ministre David Cameron veut organiser un référendum sur une sortie de l'Union.
Peu avant l'ouverture du Conseil européen en partie consacré à ce sujet, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dit son souhait de parvenir à un accord équitable avec Londres afin d'éviter un "Brexit" catastrophique pour l'avenir de l'Union.
Les Européens espèrent trouver d'ici février les bases d'un accord qui permettrait à Cameron de lancer la campagne du référendum en prônant le "oui".
Les dirigeants des Vingt-Huit auront dans la soirée leur première discussion de fond sur les propositions de réformes voulues par le Premier ministre britannique.
A leur arrivée à Bruxelles, le président français et la chancelière allemande se sont dits prêts au débat tout en invoquant le respect des "acquis fondamentaux" de l'UE.
"Nous aurons une discussion très ouverte sur cette question. Nous souhaitons que le Royaume-Uni reste dans l'Union européenne mais nous ne renoncerons pas à nos principes fondamentaux", a déclaré la chancelière allemande à son arrivée.
François Hollande lui a fait écho.
Si les demandes britanniques "sont conformes aux acquis européens, eh bien la négociation pourra aboutir, sinon la négociation sera plus difficile", a souligné devant la presse le président français, pour qui "il n'est pas acceptable de revoir ce qui fonde ses engagements européens".
Pour le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, certains aspects des exigences britanniques formulées par David Cameron vis-à-vis de l'UE "semblent inacceptables".
CAMERON VEUT "SE BATTRE TOUTE LA NUIT"
Le Premier ministre britannique veut modifier les relations entre la Grande-Bretagne et l'UE avant de soumettre à référendum, d'ici la fin 2017 au plus tard, la question du maintien ou non du Royaume-Uni dans l'ensemble communautaire.
"Je me battrai donc toute la nuit pour la Grande-Bretagne et je pense que nous obtiendrons un bon accord", a dit David Cameron à son arrivée à Bruxelles, émettant l'espoir d'obtenir de "vrais progrès" et de lancer une "dynamique" en vue de trouver un terrain d'entente en février.
Jean-Claude Juncker a insisté sur la mise au point d'un "accord équitable avec la Grande-Bretagne" mais aussi "vis-à-vis des 27 autres pays membres".
Le président de la Commission européenne, qui ne veut "pas que les Britanniques s'en aillent", s'est dit optimiste quant aux chances de trouver "une issue à la situation compliquée dans laquelle nous nous trouvons."
Pour certains responsables, une certaine mise en scène entoure ce sujet, les Européens jugeant important de donner l'impression que David Cameron sort vainqueur des discussions.
"Il y a une certaine orchestration pour être sûr que les choses se passent bien ce soir pour David Cameron, pour faire en sorte qu'il donne l'impression de l'emporter, car personne ne veut d'un 'Brexit", dit un responsable proche des négociations.
Pour certains eurosceptiques, David Cameron ne demande que des concessions mineures aux dirigeants européens, avec l'arrière-pensée d'inciter ses concitoyens à voter pour le maintien dans l'Union.
A ce stade, la principale pierre d'achoppement concerne les prestations sociales dont bénéficient les ressortissants étrangers venant travailler au Royaume-Uni.
David Cameron, triomphalement réélu en mai dernier, demande que les ressortissants de pays membres de l'UE qui viennent travailler au Royaume-Uni ne puissent bénéficier de certaines prestations sociales lors de leurs quatre premières années de résidence. Il veut aussi interdire à ces travailleurs européens de transférer à l'étranger leurs allocations familiales.
La proposition vise à rendre la Grande-Bretagne moins attractive pour les migrants, en particulier ceux des pays d'Europe de l'Est membres de l'UE. Mais elle constituerait une violation du droit européen sur la libre circulation des travailleurs.
Les Polonais sont les principaux bénéficiaires des mesures de libre circulation depuis l'entrée de leur pays dans l'Union en 2004, ainsi, depuis 2007, que les Roumains et Bulgares.
Dans une déclaration commune diffusée jeudi, le groupe de Visegrad - composé de la Pologne, de la Hongrie, de la Slovaquie et de la République tchèque - affirme qu'il rejettera toute demande britannique considérée comme "discriminatoire" à son égard ou limitant sa "liberté de mouvement".
(Elizabeth Pineau, Alissa de Carbonnel, Elizabeth Piper, Robin Emmott, Henri-Pierre André, édité par Jean-Stéphane Brosse)