Les bénéfices du géant pétrolier Shell ont fondu l'an dernier, l'obligeant à prendre des mesures drastiques face à la chute continue des cours du brut au moment où il s'apprête à absorber BG Group (L:BG).
Son bénéfice net 2015 est compris entre 1,6 et 2,0 milliards de dollars, en chute libre par rapport aux près de 15 milliards de 2014, selon des résultats préliminaires dévoilés mercredi par le groupe anglo-néerlandais.
Les résultats complets seront publiés le 4 février mais ces chiffres encore imprécis ont été annoncés avant l'assemblée générale des actionnaires qui se penchera à la fin du mois sur le projet de rachat du producteur britannique d’hydrocarbures BG Group.
Au seul quatrième trimestre, le bénéfice net de Shell devrait s'établir entre 600 millions et 1,0 milliard de dollars (contre 595 millions de dollars un an plus tôt).
Toujours sur le trimestre, le bénéfice ajusté, hors éléments exceptionnels et variation des stocks, se situe entre 1,6 et 1,9 milliard de dollars, contre 3,26 milliards au quatrième trimestre de 2014. Soit une chute de plus de 40% dans le meilleur des cas pour cet indicateur suivi de près par les marchés.
"Je suis satisfait de la performance opérationnelle de Shell en 2015 ainsi que de l'élan dans l'entreprise pour réduire les coûts et améliorer la compétitivité", a malgré tout commenté le directeur général Ben van Beurden.
Comme ses concurrents, Shell a décidé de réduire drastiquement ses investissements ou encore de supprimer des emplois face à la faiblesse des cours du pétrole, actuellement sous les 30 dollars le baril, avec même des incursions sous les 28 dollars ces derniers jours.
Le groupe a ainsi déjà annoncé son intention de supprimer près de 10.000 emplois en 2015 et cette année chez Shell et BG. Les investissements des deux groupes seront réduits à 33 milliards de dollars cette année, soit une réduction de près de 45% de leurs dépenses combinées.
- "Des mesures audacieuses" -
Shell croit aussi plus que jamais à l'intérêt de racheter le producteur d'hydrocarbures BG Group, une opération à 47 milliards de livres (61,5 milliards d'euros) qui suscite le scepticisme de certains investisseurs en raison de la déprime actuelle des cours.
"Ce sont des mesures audacieuses et stratégiques qui façonnent notre industrie. La finalisation de la transaction avec BG, que nous espérons dans quelques semaines, marquera un nouveau chapitre pour Shell, afin de rajeunir l'entreprise et d'améliorer le retour pour les actionnaires", a assuré Ben van Beurden.
Les deux groupes doivent encore obtenir le feu vert de leurs actionnaires respectifs pour finaliser leur rapprochement. Leurs assemblées générales sont prévues le 27 janvier pour Shell et le 28 janvier pour BG Group.
Ce dernier a aussi publié mercredi des résultats préliminaires, montrant une baisse de ses profits mais aussi un niveau de production supérieur à ses prévisions en 2015.
A la Bourse de Londres, l'action Royal Dutch Shell était en chute mercredi matin, dans un marché sous forte pression en raison de la baisse continue des cours du pétrole. Le titre "B", utilisé dans le cadre de l'offre sur BG, perdait 5,26% à 1.297,5 pence vers 10H35 GMT, tandis que l'indice FTSE-100 dans son ensemble affichait un recul de 2,85%.
"La chute des prix du pétrole a fait des dégâts dans toutes les compagnies pétrolières. Comme ses concurrentes, celle-ci a annoncé des bénéfices en baisse significative ces derniers trimestres", a observé Graham Spooner, analyste chez The Share Centre.
Mais "les investisseurs devraient apprécier le fait que Royal Dutch Shell se soit engagée à réduire ses coûts et améliorer son efficacité", a-t-il ajouté.