par John Ruwitch et Pete Sweeney
SHANGHAI (Reuters) - La réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux du G20 vendredi et samedi à Shanghaï, en Chine, risque de décevoir ceux qui en espèrent un grand plan concerté de relance de l'économie mondiale et d'apaisement sur les marchés financiers.
Aux yeux de certains, la situation actuelle, avec une demande mondiale obstinément atone, des Bourses en baisse et une volatilité sur le marché des changes, est comparable à celle d'avril 2009.
A cette époque, au paroxysme de la crise économique et financière mondiale, les ministres du G20 s'étaient entendus sur des mesures coordonnées pour éviter au monde de sombrer dans une dépression généralisée.
Le souvenir des Accords du Plaza, qui ont mis fin en 1985 au raffermissement continu du dollar, est aussi invoqué pour plaider en faveur d'une meilleure coordination au sein du G20.
Mais ces Accords du Plaza avaient été conclus entre cinq grandes puissances industrielles quand il faut aujourd'hui tenter de s'entendre entre 20 pays aux profils variés et aux intérêts divergents menant parfois des politiques monétaires opposées, comme entre les Etats-Unis d'une part et la zone euro et le Japon d'autre part.
"Les marchés financiers ont besoin d'un revigorant mais nous ne nous attendons pas à un accord du type Plaza", dit un responsable japonais. "Il n'y a pas de recette magique."
RÉCESSION ?
La Chine, qui préside le G20 cette année, a érigé en "tâche urgente" le renforcement de la coordination politique et la lutte contre les "débordements négatifs" des mesures prises individuellement, alors qu'elle est elle-même soupçonnée d'avoir contribué à la déstabilisation en pilotant depuis l'été dernier une dépréciation du yuan.
D'autres, tels les Etats-Unis et le Japon, comptent insister sur des mesures budgétaires de soutien à l'activité pour relancer l'économie mondiale.
"Le tableau global est moins rose qu'il y a un an", juge un responsable italien s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, selon lequel la réunion de fin de semaine "ne débouchera probablement sur aucune réponse de court terme à la crise".
Côté allemand, on s'attend à des "discussions intenses" sur l'affaiblissement des perspectives de croissance mondiale, tout en soulignant la reprise modérée en Europe.
"C'est pourquoi l'Europe ne sera pas au coeur des attentions en ce qui concerne les perspectives économiques", a dit un responsable allemand ayant requis l'anonymat.
Cette absence d'initiative au niveau politique alimente les craintes d'une récession.
"Nous sommes préoccupés par le fait que, si l'on assiste à un désordre financier durable, à un renforcement de l'aversion au risque, à une poursuite de la chute des actifs risqués, à de nouvelles turbulences, en particulier en Chine, cela pourrait être suffisant pour faire basculer l'économie mondiale du côté de la récession", avertit Charles Collyns, chef économiste à l'Institut de la Finance internationale (IIF).
(Avec Tetsushi Kajimoto à Tokyo, Gavin Jones à Rome, Michael Nienaber à Berlin et David Lawder à Washington, Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)