Le groupe Lagardère va céder l'ensemble de ses magazines à l'étranger - 102 titres répartis dans 15 pays - au groupe américain Hearst pour 651 millions d'euros, et concentrer à plein son activité médias sur la France avec ses titres-phare: le Journal du Dimanche, Elle et Paris Match.
Lundi, le groupe d'Arnaud Lagardère a annoncé avoir reçu une offre de rachat ferme de 651 millions d'euros de la part de Hearst, avec qui il était en négociation exclusive depuis un mois. L'offre concerne 102 magazines dans quinze pays, dont 17 en Espagne, 11 au Japon et 7 aux Etats-Unis.
En ce qui concerne les déclinaisons internationales de Elle, fleuron du groupe, Lagardère demeure propriétaire de la marque commerciale dans le monde entier, mais accorde une licence à Hearst pour seize éditions du prestigieux magazine féminin et percevra en retour une redevance annuelle calculée sur le chiffre d'affaires.
Cette licence s'ajoute à celles déjà accordées pour Elle dans 25 autres pays qui ne sont pas concernés par l'opération. Au total, le magazine fondé par Hélène Lazareff et Françoise Giroud en 1945 possède 42 éditions hors de France.
Selon Lagardère, sur la base des chiffres 2010, la redevance de Hearst correspondrait à une contribution d'environ 8 millions d'euros par an.
Enfin, Lagardère a précisé qu'il demeurait propriétaires de certains locaux hébergeant les magazines, d'une valeur estimée à 30 millions d'euros.
Hearst est un géant des médias américains, propriétaire notamment de 15 quotidiens, 38 hebdomadaires, plus de 200 magazines à travers le monde (dont Cosmopolitan et Harper's Bazaar) et 29 chaînes de télévision.
"Cette vente intervient au bon moment. Après la crise en 2009, Arnaud Lagardère a profité de la reprise publicitaire et des bonnes perspectives pour 2011", a commenté à l'AFP Jean-Clément Texier, banquier conseil spécialiste des médias.
"La division internationale de Lagardère était impressionnante, par sa taille et par sa réussite, a-t-il poursuivi. Mais sa présence était éclatée et dans aucun des pays où il était présent le groupe n'avait la taille critique qu'exige l'économie des médias aujourd'hui".
"Chez Hearst, a précisé M. Texier, ils savent que le paysage médiatique sera différent demain et qu'il fallait donc être plus fort. En rachetant les magazines de Lagardère, ils atteignent cette taille critique".
En cédant la branche magazines internationaux du groupe, Arnaud Lagardère signe le démantèlement d'un empire de presse patiemment bâti depuis la retentissante prise de contrôle d'Hachette par Matra au début des années 80.
Le groupe, qui s'est déjà désengagé de la presse quotidienne régionale en France, recentre ses activités médias en France, avec Elle, Paris Match, le JDD ainsi que la radio Europe 1 et le groupe Newsweb (sites internet sur la cible masculine avec notamment sports.fr).
Selon plusieurs experts, Lagardère souhaiterait également se désengager de Marie-Claire, du groupe Amaury (Le Parisien, L'Equipe) et de Canal+.
Le but d'Arnaud Lagardère est de se recentrer au maximum sur Lagardère Unlimited, la division sport du groupe. Cette entité regroupe les métiers du sport business : droits marketing pour les équipes sportives, académies, représentation d'athlètes, conseil et gestion des droits TV. Il en assure lui-même la direction.
"Ce sont des métiers à forte croissance, a souligné Jean-Clément Texier. Et le sport, c'est la passion d'Arnaud Lagardère. Il a désormais les moyens de passer à la vitesse supérieure".