par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Hermès a ralenti la cadence au premier trimestre, avec l'Asie et les Etats-Unis, tout en signant une nouvelle fois une des meilleures performances du secteur, grâce cette fois-ci à sa division phare, la maroquinerie.
Dans un contexte devenu difficile pour le luxe, plombé par le ralentissement du marché chinois, la chute de celui de Hong Kong, le tassement du marché américain pour cause de dollar fort et les attentats de Paris et Bruxelles, Hermès fait preuve de résistance et se distingue encore de ses concurrents.
Sa croissance organique a ralenti à 6,2% au premier trimestre, un chiffre conforme aux 6% attendus par les analystes, après une hausse de 7,2% au quatrième trimestre 2015 et de 8,1% sur l'ensemble de l'année 2015.
Au total, ses ventes ont atteint 1,19 milliard d'euros, en hausse de 6,1% en données publiées.
Cette performance s'explique par une très solide progression de la maroquinerie, dont les ventes ont grimpé de 15,4% à taux de changes constants grâce aux capacités de production accrues de deux nouvelles manufactures.
La demande de sacs Hermès restant supérieure à l'offre, le sellier profite de toute augmentation de sa production.
A l'inverse, tous les autres grands métiers du groupe ont vu leurs ventes baisser.
Ces chiffres ont été bien accueillis en Bourse, où le titre gagne 2,4% à 9h13, alors que le SBF120 recule de 0,7%.
"Dans un climat mondial complexe, Hermès signe un début d'année solide", s'est félicité son gérant Axel Dumas, lors d'une conférence téléphonique avec la presse.
Après les attentats de Paris et Bruxelles, qui ont fait fuir les touristes étrangers, le groupe n'a toutefois pas retrouvé, dans la capitale française, son niveau d'avant les attaques de novembre 2015, a-t-il précisé.
Le sellier résiste cependant en France - où il est plus exposé que ses concurrents (15% de ses ventes) et où il parvient à signer une croissance de 5,6% - tout comme en Europe (+11,6%).
Il ralentit la cadence au Japon, aux Etats-Unis et en Asie, malgré une hausse en Chine continentale et une stabilisation à Hong Kong.
Les vêtements et accessoires ont reculé de 1,9%, tandis que la soie a accusé une chute de 9%, très impactée par la baisse des flux touristiques en Europe ainsi que par le ralentissement des ventes en "grande Chine" et aux Etats-Unis.
Les parfums ont poursuivi leur recul (-4%) tandis que l'horlogerie est repassée dans le rouge (-3%).
Le groupe a confirmé que sa croissance 2016 pourrait être inférieure à son objectif de moyen terme de 8% pour cause d'incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires.
Il avait dit s'attendre à une année 2016 "compliquée" par le ralentissement chinois, la volatilité des marchés boursiers ou les attaques terroristes répétées.
LVMH (PA:LVMH) a vu la croissance organique de sa division mode-maroquinerie tomber à zéro tandis que le pôle luxe de Kering (PA:PRTP) a vu la sienne ralentir à 2,6%.
(Edité par Jean-Michel Bélot)