Crédit Agricole (PA:CAGR) SA (CASA), épinglée dans le dossier des Panama Papers, a annoncé jeudi des résultats trimestriels en forte baisse, plombés par la restructuration de son capital, qui a notamment pour effet de ne plus prendre en compte la contribution des caisses régionales.
Son bénéfice net a chuté de 71% à 227 millions d'euros sur les trois premiers mois. En excluant tous les éléments non-récurrents, dont une charge de 448 millions d'euros liée à un rachat de dettes dans le cadre de cette réorganisation, le résultat net ressort en baisse de 9,3% à 394 millions d'euros.
Le produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) est lui aussi en net recul de 12,8% à 3,8 milliards d'euros à périmètre courant.
Selon ses estimations, CASA devrait encore comptabiliser un impact négatif de l'ordre de 200 millions d'euros au deuxième trimestre au titre de cette opération capitalistique.
En revanche, au troisième trimestre, le groupe table sur un "impact positif d'au moins 600 millions d'euros" pour entrer "en rythme de croisière" au dernier trimestre, a précisé Jérôme Grivet, directeur général adjoint de CASA lors d'une conférence téléphonique.
Retraités des éléments exceptionnels, les revenus de CASA accusent toujours une baisse de 4,3% à 4,2 milliards d'euros, affectés par les contre-performances de la banque de détail en France, désormais représentée uniquement par son enseigne LCL, et de la banque de financement et d'investissement (BFI).
Le marché parisien, en hausse de 0,41%, a accueilli froidement ces résultats, le titre de la banque chutant à 11H32 (09H32 GMT) de 4,72% à 8,67 euros.
- LCL et la BFI dans le rouge -
Dans le détail, LCL a dégagé un bénéfice net trimestriel en chute de 31,8% à 85 millions d'euros, affaibli par l'environnement de taux d'intérêt très bas et une vague de renégociations et de remboursements anticipés sur près de la moitié de son portefeuille de crédits immobiliers, souligne la banque dans un communiqué.
A l'instar de ses homologues, la BFI de Crédit Agricole SA a connu un trimestre difficile dominé par la volatilité des marchés. Le pôle grande clientèle voit son bénéfice fondre de moitié (-51%) à 163 millions d'euros, "les marchés de capitaux et la banque commerciale" ayant "le plus souffert", a noté M. Grivet.
En revanche, le pôle gestion de l'épargne et assurance signe un bon trimestre avec un bénéfice en hausse de 10,3% à 379 millions d'euros. Ce résultat subit toutefois le contrecoup de la dilution de la participation de CASA au capital d'Amundi, passée de 78,6% à 74,2%, après l'introduction en Bourse à l'automne 2015 du poids lourd mondial de la gestion d'actifs.
Egalement dans le vert, les services financiers spécialisés ont dégagé un bénéfice net en progression de 89% à 129 millions d'euros, dopé notamment par un trimestre record du crédit à la consommation. Tout comme la banque de détail à l'international qui double quasiment sa contribution avec un bénéfice en hausse de 96% à 53 millions d'euros.
- Vérification de la 'rectitude fiscale' des clients -
Par ailleurs, CASA a indiqué avoir commencé à facturer ce trimestre les dépôts de sa clientèle institutionnelle, cette activité étant "sous forte pression" des taux d'intérêt négatifs, a expliqué M. Grivet.
Cette nouvelle tarification a fait preuve "d'une très bonne acceptabilité", a-t-il garanti, ajoutant qu'aucune décision n'avait été prise sur son extension aux grandes entreprises.
Sur le dossier Panama Papers, Philippe Brassac, directeur général de CASA, a réagi à la mise en cause la veille de son groupe par le quotidien Le Monde.
"Cet article nous blesse beaucoup. Il balaie d'un revers de titre, que nous trouvons très violent, le fait que, depuis plusieurs années, nous avons réellement mis en oeuvre un programme, sans ambiguïté, de lutte contre le blanchiment et l'évasion fiscale", a-t-il déclaré.
Interrogés à plusieurs reprises sur le sujet, les responsables de CASA ont assuré avoir entrepris bien avant l'éclatement de cette affaire un programme de "rectitude fiscale" visant à vérifier la conformité de sa clientèle auprès des autorités fiscales.
Ces contrôles se sont achevés dès 2014 pour les clients français, en 2015 pour les européens et devrait se conclure d'ici 2017 pour tout le reste de la clientèle, ont-ils assuré.