La Bourse de Paris, comme les places européennes, devrait encore naviguer à vue la semaine prochaine en raison d'un agenda clairsemé et avant des rendez-vous majeurs en juin, entre réunion de la Fed et risque de Brexit.
Les indices européens sont en proie à la plus grande hésitation ces derniers jours, après avoir perdu beaucoup de terrain entre fin avril et début mai.
"Les marchés sont un peu perdus", note Renaud Murail, gérant chez Barclays (LON:BARC) Bourse, soulignant qu'ils "doivent digérer le fait que la politique monétaire de la Fed va être moins accommodante que prévu".
Les marchés pourraient limiter toute prise de risque dans l'attente d'échéances incontournables dans les prochaines semaines, à commencer par la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) les 14 et 15 juin.
"Depuis une semaine, les chiffres macroéconomiques aux Etats-Unis sont encourageants et montrent que la croissance reste solide, ce qui laisse penser que la Fed n'a pas d'autres choix que de remonter ses taux", souligne M. Murail.
Les investisseurs estimaient jusqu'à présent peu probable que la Fed poursuive sa remontée des taux dans l'immédiat, estimant qu'elle attendrait au moins la rentrée.
Les membres de la Fed ont tenu à conserver "la porte ouverte" à un éventuel resserrement monétaire en juin, se montrant plutôt confiants dans la remontée de l'inflation, selon le compte-rendu de leur dernière réunion en avril publié cette semaine.
Certains participants ont craint toutefois que le référendum britannique sur le Brexit, qui intervient le 23 juin, une semaine après la prochaine réunion, ne perturbe les marchés.
La hausse des taux reste ainsi "conditionnée à l'hypothèse que la probabilité d'un maintien du Royaume-Uni dans l'UE se renforce" et "dans le cas contraire, la Fed pourrait être incitée à attendre l'issue du scrutin pour agir, et se décider en juillet", estime François Duhen, stratégiste chez Crédit Mutuel-CIC.
Les incertitudes sur une possible sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne constitue l'autre grande incertitude pour les marchés, de nature politique cette fois, sans compter les élections législatives en Espagne fin juin.
"Il n'est pas évident que les investisseurs puissent reprendre des positions fortes à l'achat avant d'avoir les résultats sur le Brexit", prévient M. Murail.
Mais selon lui, "plus l'échéance va se rapprocher, plus les sondages pourraient clarifier les positions, ce qui permettra peut-être au marché de se libérer".
En attendant, la prudence sera vraisemblablement encore de mise dans les prochains jours faute de statistiques de premier plan au programme et alors que la saison des résultats d'entreprises pour le premier trimestre est pour l'essentiel terminée.
Les investisseurs devront se contenter de plusieurs baromètres de confiance et d'une seconde estimation de la croissance en Allemagne ainsi que des indicateurs sur l'immobilier aux Etats-Unis.
Les investisseurs à la Bourse de Londres surveilleront quant à eux la publication de la deuxième estimation de la croissance britannique pour le premier trimestre.
De plus, les marchés devraient s'en remettre une nouvelle fois à l'évolution des prix du pétrole, qui font preuve de résistance et évoluent près de leurs plus hauts annuels.
"Le baril se stabilise à proximité des 50 dollars et s'il reste à ces niveaux, le stress devrait être moins aigu et il est probable que la corrélation avec les indices boursiers soit limitée", selon M. Murail.
Les marchés étaient davantage soucieux quand les cours du brut ne cessaient de dégringoler en début d'année, nourrissant les craintes sur la croissance mondiale.
Enfin, même si le sujet n'est plus au centre des préoccupations, la Grèce pourrait être un enjeu la semaine prochaine à l'occasion d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, avec un possible feu vert à de nouveaux prêts.
Selon M. Duhen, c'est "un élément d'inquiétude" mais "nous tablons toujours, pour notre part, sur la conclusion d'un accord qui permettra de verser la prochaine tranche d'aide à la Grèce avant les échéances de l'été, la zone euro ne pouvant se permettre de vivre un nouvel épisode de stress contre-productif".