La direction de la SNCF a indiqué mercredi avoir assigné en référé le comité central d'entreprise (CCE) et le CE Fret pour atteinte à l'image, après la campagne d'affichage lancée la semaine dernière qui accuse l'entreprise de "casser" le transport ferroviaire de marchandises.
Une audience doit se tenir vendredi au Tribunal de grande instance de Paris.
La SNCF, ayant considéré que "la campagne porte atteinte à l'image de l'entreprise", a précisé avoir déposé plainte pour "dénigrement".
Dans le but de sensibiliser l'opinion à la situation du fret ferroviaire, le CCE et le CE Fret ont financé une "campagne inhabituelle" d'affichage sur quelque 1.900 panneaux en France sur lesquels on peut lire: "tous les jours, on tue le fret ferroviaire".
Le CCE, le CE Fret, et les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, Sud-Rail, CFDT), dénoncent "une situation préoccupante, voire critique" du fret, en mettant en avant une division par deux des volumes transportés entre 2000 et 2009.
Ils soulignent aussi qu'avec 15% des marchandises transportées par des trains en France, "le fret ferroviaire est en déclin constant, bien loin des pays comme l'Allemagne (33%), l'Autriche (37%) ou la Suisses (40%)".
Syndicats de cheminots, mais aussi associations écologistes et élus de gauche réclament depuis des mois l'ouverture d'un débat public sur l'avenir du fret ferroviaire, dont la progression est inscrite dans les objectifs du Grenelle de l'environnement.
La situation financière de l'activité fret à la SNCF (hors filiales privées) affiche un déficit chronique de plusieurs centaines de millions d'euros par an. En 2010, il a encore été de 600 millions pour 1 milliard de chiffres d'affaires.
En septembre 2009, la SNCF a lancé une nouvelle restructuration de cette activité, basée sur l'abandon de certains trafics non rentables et le développement d'autoroutes ferroviaires notamment.
Thierry Nier, responsable à la CGT-cheminots, a indiqué mercredi à l'AFP que la campagne avait coûté "environ 300.000 euros", en précisant que cela avait été légalement financé "sur le budget de fonctionnement du CCE, et non sur le budget des activités sociales".
Les syndicats FO et First (Fédération indépendante du rail et des syndicats des transports composée d'ex-CFTC) avaient dénoncé "la mise à contribution des ressources du CCE" pour financer cette campagne d'affichage.