PARIS (Reuters) - Les élus Front national Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard ont claqué samedi la porte d'un colloque organisé à Béziers (Hérault) par le maire de la ville, Robert Ménard, proche du FN, pour promouvoir une union des droites.
Cause de cet accès de mauvaise humeur, une petite phrase de l'ancien journaliste, qui a déclaré samedi matin ne pas vouloir faire du "mouvement citoyen" qu'il lançait ce week-end, "Oz ta droite", le "marchepied" du FN et de sa présidente Marine Le Pen, candidate à l'élection présidentielle de 2017.
"Il ne s'agit pas d'être le marchepied d'un candidat" ni "le marchepied de personne", a-t-il dit à plusieurs reprises aux journalistes qui lui demandaient si ce "rendez-vous de Béziers" visait à préparer la candidature de Marine Le Pen. "Il n'y aura pas de consigne de vote", a-t-il ajouté.
La nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen, venue à la tête d'une délégation du parti d'extrême-droite, avait déjà laissé percer son irritation vendredi. "Je ne suis pas venue pour inaugurer un mouvement dissident du FN", avait déclaré la députée du Vaucluse.
La sortie de Robert Ménard, samedi matin, a été la goutte de trop: elle a quitté brusquement le colloque à la mi-journée avec le député FN Gilbert Collard, non sans lâcher devant des journalistes une nouvelle salve à l'adresse du maire de Béziers.
"C'est une erreur politique majeure et historique de Robert Ménard de partir dans des mouvements dont on sait qu’ils sont voués à l’échec politique", a dit l'élue FN, selon les sites internet de plusieurs quotidiens, dont Le Monde et Libération.
DE LR AU FN
Gilbert Collard a pour sa part regretté "une maladresse lourde, grave" et rappelé que Robert Ménard avait bénéficié du soutien du FN lors de son élection à la mairie de Béziers. "Il aurait pu faire l'économie de cette phrase, qui est discourtoise à notre égard et qui occulte le fait que s'il est le maire de Béziers, c'est en grande partie grâce à nous."
Robert Ménard a minimisé le départ fracassant de Marion Maréchal-Le Pen en estimant qu'elle était soumise à de fortes pressions. Il a insisté sur le fait que ses rapports avec le FN étaient des "rapports d'indépendance".
"J'ai d'excellents rapports avec Marine Le Pen. Sur 80% des idées qu'elle développe, je suis d'accord. Mais les 20% de désaccords sont importants", a-t-il dit à des journalistes.
L'ambition affichée par Robert Ménard et le directeur du journal Valeurs Actuelles, Yves de Kerdrel, co-organisateur du colloque, était de réunir la "vraie droite" et de faire ce week-end une cinquantaine de propositions pour "changer la donne politique" dans la perspectives des élections de 2017.
"La vraie droite, c'est une droite qui n'a pas honte d'elle- même, c'est une droite qui revendique ses valeurs, une droite qui ne rase pas les murs (...) qui dit un certain nombre de choses sans se soucier du qu'en-dira-t-on, du médiatiquement correct", a expliqué Robert Médard sur iTELE.
C'est "une droite conservatrice sur le terrain des valeurs, sur le terrain des moeurs, et plus libérale, moins étatiste dans le domaine de l'économie", a-t-il ajouté.
Selon Robert Ménard, les personnes invitées au colloque de Béziers, prévu sur tout le week-end, représentent un spectre allant "d'une partie des Républicains" de l'ex-président Nicolas Sarkozy "à une partie du FN".
(Emmanuel Jarry)