Le gouvernement refuse de peser pour une réouverture des négociations sur l'organisation du travail dans la branche ferroviaire, ont déploré samedi la CGT-Cheminots et SUD-Rail, au quatrième jour d'une grève à la SNCF motivée également par un projet d'accord d'entreprise jugé "pas au niveau".
Les deux syndicats ont eu vendredi des échanges avec le secrétariat d'Etat aux Transports. La CGT a rencontré Alain Vidalies pendant plus de deux heures, tandis que SUD a échangé par téléphone avec le ministère, ont indiqué les deux syndicats à l'AFP.
"On a senti un secrétaire d'Etat très tendu" qui a "refusé d'user de son poids pour rouvrir les négociations" au niveau de la branche, "en stipulant que pour lui, elles étaient closes", a expliqué Thierry Nier, porte-parole de la CGT-Cheminots. "La position du gouvernement, c'est qu'ils ne veulent plus rien toucher sur la convention collective en partant du principe que du côté patronal il y a un refus d'aller plus loin", a abondé Eric Santinelli, pour SUD-Rail.
Les deux syndicats, qui ont maintenu vendredi la grève reconductible lancée depuis mercredi, demandent la réouverture des discussions menées avec l'UTP (Union des Transports publics et ferroviaires, qui regroupe la SNCF et ses concurrents privés), closes le 26 mai.
Pour eux, le projet de convention collective commune à toutes les entreprise du rail (fret/voyageurs, privé/public) issu de ces négociations, et soumis à signature jusqu'au 8 juin, "n'est pas au niveau", pas plus que l'accord d'entreprise discuté parallèlement à la SNCF, qui doit faire l'objet d'une ultime table ronde lundi.
"Aujourd'hui, le delta est encore trop important" entre la convention collective et le texte de la SNCF, a poursuivi M. Nier, pour qui "le dumping social va primer" avec une convention collective pas suffisamment ambitieuse. Au-delà des conditions de travail des cheminots, il a aussi fait valoir un "niveau de sécurité" affaibli.
Quant au projet d'accord d'entreprise de la SNCF, il n'est "pas au niveau" non plus et ne préserve pas les dispositions en vigueur à la SNCF, selon M. Nier. La CGT voit aussi dans son article 49 "ni plus ni moins qu'une transposition de l'article 2 de la loi El Khomri".
Cet article 49 prévoit la possibilité de négocier des accords dérogatoires sur le territoire en fonction de considérations économiques. "Chacun pourrait avoir une réglementation du travail particulière", selon qu'il soit "au fret, voyageurs, ou même sur une ligne", a explique le responsable CGT. "Pour nous, ce n'est pas possible".