NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a chuté à son tour vendredi sous le coup du vote britannique inattendu en faveur d'une sortie de l'Union européenne et a terminé en forte baisse dans des volumes nourris, comme les places européennes et asiatiques avant elle.
L'indice Dow Jones a abandonné 611,21 points, soit 3,39%, à 17.399,86 points. Le S&P-500, plus large, a perdu 76,02 points, soit 3,60%, sa plus forte baisse en dix mois, à 2.037,30 points, son plus bas niveau en trois mois. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 202,06 points (-4,12%) à 4.707,98 points.
Le recul, qui a frappé comme ailleurs tous les secteurs sans exception et avant tout les financières, a entraîné Wall Street dans sa deuxième semaine de baisse d'affilée. Le Dow et le S&P accusent un repli hebdomadaire de 1,6% et le Nasdaq de 1,9%.
"Les marchés se sont clairement trompés et ont de toute évidence été ahuris par le résultat du vote", dit Aaron Clark, gérant chez GW&K Investment Management. "Les investisseurs tirent d'abord et se poseront des questions après."
L'indice de volatilité - encore appelé indice de la peur - a bondi de 43,48% à 24,75 points, après avoir grimpé jusqu'à 26,24 en séance, son plus haut depuis février.
Les marchés européens avaient perdu dans la journée entre 3% et 12%, avec un CAC 40 en chute de 8,04%.
Outre le choc provoqué par la victoire du Brexit, la volatilité a été encore aggravée par les ajustements de portefeuilles liés à la refonte annuelle des indices Russell, dont la nouvelle composition sera annoncée après la clôture.
Cette nouvelle composition devrait réduire le poids des financières et de la consommation de base dans l'indice Russell 2000 des petites capitalisations. Le titre Apple (NASDAQ:AAPL), dont la pondération dans l'indice Russell 1000 des grandes capitalisations devrait être revu en baisse, a perdu 2,81%.
LES GRANDES BANQUES PERDENT 7 À 10%
Les grandes banques américaines ont particulièrement souffert, comme le secteur en Europe, en raison de l'impact financier attendu d'une sortie de la Grande-Bretagne de l'UE.
Les titres Goldman Sachs, Morgan Stanley (NYSE:MS), JPMorgan Chase, Bank of America et Citigroup ont perdu entre 6,95% et 10,15% en clôture. L'indice sectoriel des financières a chuté de 5,41%.
Les investisseurs, qui craignent notamment l'impact du Brexit sur la croissance mondiale, ont cherché refuge auprès du dollar et d'autres valeurs à faibles risques comme l'or et les obligations souveraines, au détriment des actions et du pétrole.
Le rendement des Treasuries à 10 ans est tombé à 1,406%, au plus bas depuis juillet 2012, tout comme celui du Bund allemand, qui a touché un plus bas historique de -0,169%, une baisse d'une ampleur inédite depuis la crise de la dette en zone euro il y a quatre ans.
Les cours du pétrole ont perdu près de 5%, le Brent de la mer du Nord étant revenu sous les 49 dollars le baril, et le brut léger américain sous les 48 dollars. L'or gagne en revanche 4,91%, autour de 1.317 dollars l'once.
Le dollar, même s'il recule face au yen, valeur refuge par excellence, est recherché et prend 2,17% face à un panier de devises de référence.
La livre sterling a été sérieusement éprouvée. Au terme d'une séance sans précédent en terme de volatilité, la devise britannique plongeait encore de 8,01% face au billet vert, à 1,3670 dollar, vers 20h20 GMT, après être tombée à 1,3232 dollar, au plus bas depuis septembre 1985.
L'euro a aussi été malmené toute la journée en raison des doutes qui émergent pour l'avenir de la construction européenne et perdait 2,47% autour de 1,1105 dollar à ce stade.
Pour tenter de rassurer les investisseurs, les banques centrales de la planète ont réaffirmé être prêtes à fournir des liquidités en cas de besoin et certaines sont allées jusqu'à intervenir directement sur le marché des changes.
La Réserve fédérale s'est dite disposée à approvisionner les marchés en dollars en coordination avec ses homologues.
Le choc est tel qu'il pourrait contraindre la Banque centrale européenne à assouplir de nouveau sa politique monétaire dans les mois à venir et la Fed américaine à renoncer à ses projets de hausse des taux cette année.
(Tanya Agrawal et Yashaswini Swamynathan, Juliette Rouillon pour le service français)