(Reuters) - Le Comité international olympique (CIO) a décidé dimanche de ne pas suspendre la délégation russe des Jeux olympiques de Rio, qui s'ouvrent le 5 août, et de laisser aux fédérations sportives internationales le soin de trancher si les athlètes russes peuvent y participer.
L'annonce du CIO fait suite à l'appel de l'Agence mondiale antidopage (AMA) à exclure la Russie des Jeux de Rio, après la publication d'un rapport indépendant qui a conclu à un dopage répandu des athlètes russes notamment aux Jeux d'hiver de Sotchi en 2014.
Le CIO avait d'ores et déjà fait savoir que des procédures disciplinaires seraient engagées à l'encontre des responsables russes mentionnés dans le rapport McLaren, qui a été dévoilé lundi. Ce rapport, élaboré par le juriste canadien Richard McLaren, a fait état de cas de dopage répandus de sportifs russes et de dissimulations lors d'une série de Jeux olympiques d'été et d'hiver et en particulier lors des jeux d'hiver de Sotchi, organisés par la Russie.
La commission exécutive du CIO s'est réunie dimanche par téléconférence et a décidé que la question de la participation des Russes incombait aux différentes fédérations internationales.
La participation de tout athlète russe sera en outre soumise à de rigoureux tests antidopage, indique le CIO.
Un sportif russe ne pourra participer que si la fédération internationale dont il dépend lui a donné le feu vert.
MOUTKO RECONNAISSANT
"Dans ces circonstances exceptionnelles, les athlètes russes de chacun des 28 sports olympiques d'été doivent assumer les conséquences de ce qui équivaut à une responsabilité collective afin de sauvegarder la crédibilité des compétitions olympiques; la 'présomption d'innocence' ne peut donc leur être appliquée dans ce cas", a déclaré le CIO.
"D'un autre côté, en vertu des principes de justice naturelle, le droit à la justice individuelle, auquel tout être humain peut prétendre, doit être appliqué. Cela signifie que chaque athlète concerné doit se voir offrir la possibilité de réfuter l'applicabilité de la responsabilité collective à son cas personnel", a-t-il ajouté.
Le Comité olympique russe (ROC) ne pourra toutefois pas envoyer d'athlètes qui ont déjà été sanctionnés pour dopage, même si la période de leur peine a expiré, a ajouté le CIO. Cette décision englobe Ioulia Stepanova, dont les révélations ont débouché sur l'une des plus grandes affaires de dopage de ces dernières décennies, et qui se voit interdire de JO à Rio du fait d'un contrôle positif qui remonte à 2013.
Le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, s'est dit reconnaissant de voir que le CIO n'avait pas prononcé l'exclusion de son pays des Jeux de Rio, et a souligné que le dopage était un problème mondial qui ne touchait pas que la Russie.
Selon le président du Comité olympique russe Alexandre Joukov, le CIO a pris sa décision à l'unanimité. Cette décision, a-t-il dit, a été l'une des plus dures qui ait été prise dans l'histoire du mouvement olympique.
La Russie est une habituée des podiums. En 2012, elle avait ainsi décroché le troisième meilleur total de médailles toutes disciplines confondues.
(Karolos Grohmann; Eric Faye pour le service français)