RENNES (Reuters) - Le groupe laitier Lactalis et les producteurs ont conclu mardi un accord sur le prix du lait après trois sessions de négociations menées sous la pression d'actions des producteurs, qui ont finalement levé les blocages.
Les manifestants ont notamment quitté les sites bloqués dans la Manche, l'Ille et Vilaine et le Maine et Loire, a-t-on appris de source syndicale.
"Les négociations ont abouti à un accord. C'est beaucoup mieux que ce que Lactalis proposait jusqu'à présent", a dit à Reuters Pascal Clément, président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) ouest.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a salué sur son compte Twitter "une sortie de crise positive pour le secteur laitier".
Au terme des négociations, il a été convenu que la tonne de lait serait payée 290 euros en moyenne pour les cinq derniers mois de l'année, ce qui porte à 275 euros le prix moyen sur l'année 2016.
"Ça ramène Lactalis au niveau de ses concurrents", a déclaré Dominique Barrau, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), pour qui "la mobilisation a été vraiment utile".
"On stoppe la spirale à la baisse, même si ça restera aussi compliqué de finir l'année", a souligné Florent Renaudier, membre d'une organisation de producteurs.
"La raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure", se sont félicités la FNSEA, la Fédération nationale des producteurs de lait, et le syndicat Jeunes agriculteurs dans un communiqué.
"Pour les organisations professionnelles, Lactalis, ce géant mondial, leader du secteur ne pouvait pas se satisfaire de sa position de dernier de la classe des grandes entreprises laitières en termes de valorisation du prix du lait payé aux producteurs sans être montré du doigt", écrivent-ils.
PRIX TOUJOURS INFÉRIEUR AUX COÛTS
Le prix moyen payé au mois d'août par Lactalis était de 257 euros les 1.000 litres, soit 10 à 30 euros de moins que ses concurrents. Les producteurs de lait réclamaient initialement un prix moyen sur l'année de 290 euros.
Le prix obtenu mardi serait toujours inférieur aux coûts de production, évalués entre 330 et 380 euros selon les exploitations, selon les syndicats.
Lactalis a justifié ses tarifs par la baisse des cours mondiaux du prix du lait due à une surproduction et à la concurrence d'autres pays européens.
Plusieurs actions se sont déroulées ces derniers jours dans des hypermarchés du grand ouest prenant pour cible Lactalis, avec notamment le collage de stickers "Lactalis ruine les éleveurs" sur les produits du groupe laitier.
Mardi matin, plusieurs dizaines de producteurs bloquaient notamment les sites Lactalis de Florent-Le-Vieil, dans le Maine-et-Loire, et de Cesson-Sévigné, en Ille-et-Vilaine.
Une quinzaine de sites au total ont fait l'objet de blocages ou de rassemblements de producteurs depuis lundi soir dans l'ouest de la France, dans le Grand Est ou le Centre.
(Pierre-Henri Allain et Sybille de La Hamaide, avec Gérard Bon, édité par Emmanuel Jarry)