La Banque d'Espagne a publié mercredi ses prévisions pour l'économie espagnole en 2011 et 2012, se montrant une fois de plus pessimiste par rapport à celles du gouvernement, à la fois en termes de croissance, de chômage et de déficit public.
Le PIB devrait croître de 0,8% en 2011 puis de 1,5% en 2012, alors que le gouvernement prévoit 1,3% en 2011 puis 2 à 2,5% par an d'ici à 2015.
En conséquence de cette "reprise moindre par rapport aux prévisions officielles", la Banque d'Espagne prévoit que le pays affichera un déficit public de 6,2% du PIB fin 2011, contre un objectif de 6%, puis 5,2% en 2012, plus que les 4,4% visés.
Enfin, sur le chômage, véritable point noir de l'économie espagnole avec un taux de 20,33% fin 2010, un record dans les pays de l'OCDE, la banque centrale s'attend à une aggravation de la situation en 2011, avec 20,7%, puis un léger mieux en 2012 avec 20,4%.
Le gouvernement socialiste, qui s'était déjà montré trop optimiste en 2009 où il prévoyait 17,9% (le taux avait finalement été de 18,8%), puis en 2010 où il tablait sur 19,4%, attend 19,3% en 2011, 17,5% en 2012 et 16,2% en 2013.
La Banque d'Espagne prévient que "dans le contexte actuel, dominé par la crise de la dette souveraine en Europe et par la discussion et l'adoption de nombreuses mesures dans divers domaines, l'incertitude à l'heure de faire des projections macro-économiques est très élevée".
Mais il est vrai que l'Espagne continue d'être l'objet de craintes des marchés sur sa capacité à redresser ses comptes publics et à relancer son économie.
Signe de cette défiance, le 10 mars l'agence de notation financière Moody's a abaissé d'un cran la note souveraine du pays, à "Aa2" avec perspective négative, se disant toujours sceptique sur l'amélioration de ses finances et s'inquiétant du coût de la restructuration bancaire.
Plombée par la crise financière internationale et l'éclatement de sa bulle immobilière, l'Espagne a vu son PIB fortement baisser, de 3,7%, en 2009, puis stagner en 2010, avec un léger repli de son PIB, de 0,1%.
Pour 2011, le gouvernement prévoit une croissance de 1,3%, chiffre optimiste alors que le Fonds monétaire international (FMI) table sur 0,6%, Moody's 0,8% et l'OCDE 0,9%.
Dans son bulletin mensuel, la Banque d'Espagne confirme sa prévision de 0,8% pour 2011.
"Ce rythme se situe au point intermédiaire entre le plus fort dynamisme attendu dans les pays du noyau de la zone euro et les reculs prévus dans certaines économies de la périphérie", explique la banque centrale.
"En 2012 nous prévoyons que continue le processus d'amélioration progressive de l'activité, ce qui conduirait à un taux moyen annuel de croissance plus élevé, de 1,5%", grâce auquel l'économie espagnole "se rapprocherait progressivement de son potentiel de croissance à long terme".
En 2011, la banque table sur "la lente amélioration du marché du travail, avec un début de création d'emploi à partir de la seconde moitié de l'année".
Mais même si "certains des déséquilibres accumulés par l'économie espagnole devraient se corriger partiellement en 2011 et 2012", avec notamment une baisse du poids de la construction dans le PIB et une réduction du déficit public, "le déséquilibre qui persistera le plus sera le taux de chômage". Ce dernier est le double de la moyenne dans l'Union européenne et l'OCDE.