PARIS (Reuters) - Le futur camp de réfugiés de Paris sera scindé en deux lieux, l'un pour les hommes seuls dans le XVIIIe arrondissement, l'autre réservé aux familles, femmes et enfants à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), a annoncé mardi la maire de la capitale.
Le premier ouvrira à la mi-octobre et le second d'ici la fin de l'année, a précisé Anne Hidalgo lors d'une conférence de presse.
Dans un communiqué commun, les ministres de l'Intérieur et du Logement ont salué la création de ce centre, qui s'inscrit d'après eux "pleinement" dans la stratégie nationale d'accueil des migrants.
Emmanuelle Cosse a même dit espérer que ce campement fasse des émules. "J'espère que ce qui se passe aujourd'hui à Paris nous permettra d'avoir une dynamique sur l'ensemble du territoire national", a dit la ministre du Logement lors d'un point presse à la mairie de Paris.
En créant ce camp, la maire socialiste de Paris a expliqué vouloir prendre en charge les migrants "au fil de l'eau", dès leur arrivée, et non plus "par à-coups".
De nombreux camps de fortune devenant rapidement "insalubres" et "dangereux" se sont constitués ces derniers mois dans le nord de Paris, a-t-elle rappelé. "Il faut inventer de nouveaux dispositifs pour dépasser la situation actuelle, qui est une situation de saturation", a déclaré Anne Hidalgo.
"Nous respecterons les délais que nous avons prévu (...) Les travaux seront achevés fin septembre et (le premier centre) sera ouvert autour de la mi-octobre", a-t-elle indiqué.
Le centre pour hommes seuls, situé sur une ancienne friche de la SNCF, porte de la Chapelle, disposera de 400 lits à son ouverture (100 chambres de quatre personnes), avec un objectif de 600 à la fin de l'année.
Le centre réservé aux "publics vulnérables", installé dans une ancienne usine d'Ivry-sur-Seine, offrira 350 places.
Ces deux structures n'accueilleront les migrants que le temps que l'Etat leur propose une autre solution d'hébergement, souligne la mairie.
15 MILLIONS D'EUROS DE L'ETAT
Tous les migrants passeront d'abord par un espace gonflable en forme de "bulle" installé porte de la Chapelle, d'où ils seront orientés vers les centres d'hébergement.
De cette "bulle", réalisée par l'architecte allemand Hans-Walter Müller, les hommes isolés pourront rejoindre une grande halle installée juste derrière.
Quant aux familles, femmes seules et enfants, ils pourront être redirigés vers Ivry-sur-Seine, où l'ouverture d'une classe est envisagée par l'Education nationale, selon l'association caritative Emmaüs Solidarité, amenée à piloter le campement.
Le budget d'investissement pour la création de ce camp est de 6,5 millions d'euros, pris en charge à 80% par ville de Paris (soit 5,2 millions) et à 20% par l'Etat.
La ville prendra aussi en charge 50% du coût de fonctionnement de l'espace d'accueil des arrivants (la "bulle"), soit 1,2 million d'euros par an.
Le fonctionnement de l'hébergement dans les deux centres sera quant à lui intégralement financé par l'Etat.
"Au total, l'Etat contribuera à hauteur de plus de 15 millions d'euros dès la première année pour les deux implantations annoncées, à Paris et à Ivry-sur-Seine", écrivent Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse dans un communiqué commun.
Les deux sites choisis sont temporaires et ont vocation à être libérés d'ici deux à quatre ans, a souligné Anne Hidalgo. Tous les bâtiments sont donc transportables.
La mairie de Paris prospecte déjà pour trouver de futurs lieux d'implantation de ces centres, indique-t-on dans l'entourage de la maire.
Près de 15.000 réfugiés ont été pris en charge depuis juin 2015 à Paris.
(Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)