ZURICH/DUBAI (Reuters) - Le chimiste suisse de spécialité Clariant (SIX:CLN) a annoncé jeudi une perte nette au premier semestre, a passé des provisions pour faire face aux conséquences d'une enquête européenne et a gelé un projet de coentreprise avec Saudi Basic Industries (Sabic), au lendemain de la démission inattendue de son directeur général, Ernesto Ochiello.
Le titre chute de plus de 11% sur ces nouvelles, parmi les plus fortes baisses du Stoxx 600 (+0,12%).
Le saoudien Sabic, qui détient 25% du capital de Clariant, et le groupe suisse préparaient la création d'une coentreprise dans les matériaux de haute performance.
Clariant, dont le directeur général a démissionné moins d'un an après sa nomination à la tête du groupe, a annoncé avoir suspendu les négociations en raison de désaccords sur le prix.
Son directeur financier, Patrick Jany, a précisé à Reuters que les conditions de marché ne permettaient pas s'entendre sur le prix à payer par Clariant pour les actifs de Sabic.
"Du côté du vendeur, cela n'avait pas de sens, le produit de la vente serait probablement inférieur à ce qu'ils attendaient", a-t-il dit. "Et pour nous, cela n'a pas de sens, car nous devrions probablement, selon nous, payer trop pour l'affaire."
Sabic a confirmé que les négociations avaient été suspendues, ajoutant "attendre la reprise des discussions avec Clariant quand les conditions se seront améliorées".
Clariant a aussi annoncé une perte nette de 101 millions de francs suisses (92 millions d'euros), contre un bénéfice de 211 millions il y a un an, sur un chiffre d'affaires stable à 2,2 milliards.
Ces résultats ont été affectés par une provision de 231 millions de francs passée dans le cadre d'une enquête de la Commission européenne, a précisé Clariant.
Des analystes notent que ce revirement suscite des interrogations sur l'avenir de Clariant.
Dans une note titrée "Quel bazar!", Baader Helvea a retiré Clariant de sa liste de valeurs préférées. Le courtier juge que Sabic pourrait désormais lancer une offre de rachat total sur le suisse, tout en ajoutant qu'il faudra peut-être attendre.
(John Revill à Zurich et Saeed Azhar à Dubai, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Bertrand Boucey)