par Francois Murphy
VIENNE (Reuters) - Les conservateurs autrichiens (ÖVP) ont trouvé mercredi un accord de coalition gouvernementale avec les écologistes, ce qui permettra à leur chef de file, Sebastian Kurz, de récupérer son poste de chancelier près de trois mois après les élections législatives anticipées remportées par l'ÖVP.
Cet accord marque un virage à gauche pour Kurz, qui avait formé sa précédente coalition avec le Parti de la liberté (FPÖ, extrême droite), et fait de l'Autriche le troisième pays de l'Union européenne - avec la Suède et la Finlande - où les écologistes composent le gouvernement, même dans un rôle mineur, sur fond d'inquiétude grandissante sur la question climatique.
Kurz et le chef de file des Verts, Werner Kogler, ont annoncé lors d'une conférence de presse commune mercredi soir avoir trouvé un accord de coalition, à l'issue d'un ultime cycle de discussions au jour de l'An, et après deux jours d'annonces dans la presse sur les probables membres du futur gouvernement.
Ils n'ont toutefois pas dévoilé les détails de leur accord. Le texte doit être officiellement présenté jeudi.
"Nous avons trouvé un accord. Nous avons réussi à réunir le meilleur des deux mondes", a déclaré Kurz au côté de Kogler, qui occupera le poste de vice-chancelier.
Les Verts vont récupérer seulement quatre des 15 portefeuilles du gouvernement, une représentation qui reflète globalement leur score lors des élections législatives anticipées du 29 septembre organisées après un scandale politique impliquant le FPÖ.
Avec 37,5% des suffrages, l'ÖVP avait remporté un très large succès lors du scrutin, tandis que les Verts s'étaient classés quatrièmes avec 13,9% des voix.
"Il est possible d'alléger le fardeau fiscal et de rendre plus écologique le système d'imposition", a déclaré Kurz en référence à d'importantes promesses de campagne effectuées par l'ÖVP et les Verts, laissant suggérer le contenu de l'accord entre les deux formations.
COMPROMIS
Les écologistes réclamaient un plan budgétaire pour des mesures environnementales et ont dit vouloir accroître le coût des produits qui nuisent à l'environnement.
Pour les Verts, dont de nombreux adhérents sont viscéralement opposés à Kurz et sa ligne dure sur l'immigration, intégrer un gouvernement mené par le chef de file de l'ÖVP constitue le meilleur compromis entre les concessions politiques et l'opportunité de peser dans les décisions, alors qu'ils ont promis durant la campagne d'agir rapidement pour le climat.
L'avenir de la coalition dépendra de la capacité des écologistes à afficher des gains concrets dans certains domaines majeurs. Ils devraient contrôler un ministère élargi chapeautant les transports, l'environnement, les infrastructures et l'énergie, selon des déclarations de représentants préalables à la conclusion de l'accord.
"Sur le changement climatique, nous sommes probablement convenus de bien plus que nous n'aurions pu l'imaginer au premier abord", a déclaré Kogler mercredi soir devant les journalistes.
"L'Autriche doit devenir un leader européen et international sur les questions climatiques", a-t-il ajouté, précisant que des informations supplémentaires seraient communiquées jeudi.
Les conservateurs de Kurz, pour qui la question de l'immigration devrait rester un point de friction avec les écologistes, dirigeront quatre ministères régaliens - Défense, Intérieur, Affaires étrangères, Finances.
(version française Nicolas Delame et Jean Terzian)