par Michael Nienaber et Thomas Seythal
BERLIN (Reuters) - L'économie allemande a affiché une croissance de 0,6% seulement en 2019, un chiffre en net ralentissement par rapport à 2018 et qui marque sa plus mauvaise performance depuis 2013, en raison de l'impact des tensions commerciales internationales sur les exportations.
Cette première estimation, publiée mercredi par Destatis, l'institut fédéral de la statistique, est conforme au consensus des estimations d'économistes recueillies par Reuters. En 2018, le produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne avait progressé de 1,5%.
"Cela signifie que l'économie allemande a crû pour la dixième année d'affilée. Il s'agit de la plus longue période de croissance depuis la réunification allemande", a déclaré Albert Braakmann, le directeur de la division des comptes nationaux de l'office, ajoutant que la hausse de la consommation privée, de la dépense publique et de la construction avait soutenu la progression du PIB l'an dernier.
Ce qui fait dire à Andreas Scheuerle, analyste de Deka Bank, que "sans la demande intérieure - c'est à dire la consommation privée, la dépense publique et la construction - l'économie allemande serait entrée en récession" en 2019.
Destatis précise que l'excédent budgétaire allemand a reculé à 49,8 milliards d'euros l'an dernier, l'équivalent de 1,5% du PIB, après 62,4 milliards (1,9% du PIB) en 2018.
Le détail des statistiques montre que les exportations n'ont augmenté que de 0,9% l'année dernière après une hausse de 2,1% en 2018 tandis que les importations progressaient de 1,9% après +3,6%. Des chiffres qui suggèrent que le commerce extérieur a apporté une contribution négative à l'évolution globale du PIB.
Les entreprises exportatrices allemandes continuent de souffrir de la dégradation de la demande étrangère, conséquence du ralentissement économique global et des incertitudes créées par les conflits commerciaux et par la sortie annoncée du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Le secteur automobile, l'un des moteurs historiques de la première économie d'Europe, est en outre affaibli par le durcissement des normes antipollution et par la transition vers les véhicules électriques.
En conséquence, la production manufacturière, qui représente un quart environ de l'ensemble de l'économie de la République fédérale, a chuté de 3,6% sur l'année, précise Destatis.
Sur les 11 premiers mois de l'année, la production automobile allemande a baissé de 11,4% par rapport à la période équivalente de 2018.
(Version française Patrick Vignal et Marc Angrand)